"Moi, j'appelle ça un investissement humain" : on a rencontré le patron qui a offert 3 000 euros à ses salariés pour les 40 ans de sa société
Pour fêter l'anniversaire et le changement de nom de sa société, le patron d'Envea, à Poissy, a offert 40 parts d'actions à ses 600 salariés, soit l'équivalent de 3 000 euros chacun.
Il n'est pas candidat au prix du patron de l'année, mais il aurait de bonnes chances de gagner. Il y a 40 ans, François Gourdon a fondé Environnement SA, une entreprise d'appareils de mesure située à Poissy, près de Paris. Jeudi 28 juin, pour célébrer l'anniversaire et le changement de nom de sa société en Envea, le président fondateur a fait un très beau geste : il a cédé 40 parts d'actions en bourse à ses 600 employés à travers le monde, soit 3 000 euros chacun, quel que soit leur poste.
Quelques minutes de visite au siège d'Envea suffisent à comprendre que cette société a un petit quelque chose de spécial. Ici, on fabrique des appareils de mesure, notamment pour la qualité de l'air, et pourtant l'entreprise regorge de verdure, de tableaux de street-art ou encore de maquettes de bateaux. "J'ai fait beaucoup de voile. Des traversées de l'Atlantique. Traverser l'Atlantique, on est à cinq, il faut bien s'entendre", explique François Gourdon.
"On en a eu des frissons"
François Gourdon est le PDG d'Envea, qu'il a créée en 1978. Ici, au siège, il est entouré de 180 employés. Une grosse entreprise, donc, mais qui n'a pas abandonné son esprit familial. "Je m'entends bien avec tout le monde, poursuit François Gourdon. On discute beaucoup. Je règle les problèmes, s'il y en a, très rapidement. Je pense que les gens m'estiment, et moi je les estime énormément, quelle que soit leur position."
Une estime qu'il a voulu illustrer par un très joli cadeau à l'occasion des 40 ans de la société. Tous les employés à travers le monde sont devenus actionnaires d'Envea. Ils gagnent ainsi une valeur en bourse équivalente à 3 000 euros, une valeur qui grimpe de 10% chaque année.
"Quand François l'a annoncé, j'étais avec une collègue, et toutes les deux on a eu des frissons", se réjouit Christina. Elle travaille ici depuis 33 ans. Un geste pareil, c'était totalement inédit pour elle. "Il n'y a que lui pour faire ça. C'est un patron hors-norme. Il aime faire plaisir à ses salariés. Et, avec des salariés qui sont contents, voilà, la société ne peut qu'avancer", estime Christina.
"Si la société a atteint ses 40 ans, c'est quand même grâce aux équipes"
Ce beau geste coûte tout de même 2 millions d'euros en tout. Rares sont les entreprises qui se risqueraient à un tel investissement. Mais elles font un mauvais calcul selon François Gourdon. "Moi j'appelle ça un désinvestissement financier qui est un investissement humain. J'ai énormément délégué, j'ai des équipes qui sont extrêmement bien. L'estime est réciproque, et je dis que si la société a atteint ses 40 ans, c'est quand même grâce aux équipes, ce sont les gens", pense François Gourdon.
Envea produit chaque année 5000 machines de mesure, mais sans conflit apparent. "Les relations sociales, elles ne sont pas dans l'opposition. C'est plus de la complémentarité. Avant qu'il y ait un conflit, on va en parler et on trouve ensemble des solutions. Je considère qu'on est dans l'avant-garde. Le progrès de la relation sociale, il est là", avance Michèle Dulbecco, secrétaire de la délégation unique du personnel.
Le président insiste : si doléances il y a, sa porte est ouverte et sa cafetière est prête. Âgé de 70 ans, François Gourdon ne pense même pas une seconde à la retraite. Il continue de regarder vers l'avant. Et cette philosophie semble lui réussir : il mise sur un chiffre d'affaire de 100 millions d'euros d'ici deux ans pour sa société Envea.
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