Un sérieux trou dans les caisses d'Areva
Le groupe nucléaire français a perdu 2,4 milliards d'euros en 2011 après des dépréciations sur ses gisements d'uranium et la catastrophe de Fukushima.
La somme est conséquente : 2,424 milliards d'euros. Areva, groupe nucléaire à 87% public, a annoncé jeudi 1er mars sa plus lourde perte depuis sa création en 2001. Elle survient en pleine polémique sur le départ de son ancienne dirigeante Anne Lauvergeon. L'ardoise n'est toutefois pas une surprise : le groupe avait dit s'attendre en décembre à essuyer une perte opérationnelle d'environ 1,5 milliard d'euros en 2011.
Principale cause de cet effondrement : d'énormes dépréciations, 2,056 milliards d'euros au total, dont 1,5 milliard d'euros sur les actifs miniers du groupe issus d'UraMin. Ces dépréciations ont été décidées par le nouveau patron d'Areva, Luc Oursel, rappelle Libération (article payant). Mais Le Figaro pointe qu'il s'agissait d'éponger "la très controversée acquisition [d'UraMin] réalisée en 2007 sous l'impulsion d'Anne Lauvergeon".
Bras de fer judiciaire
UraMin est au centre d'un bras de fer avec Anne Lauvergeon. L'ancienne patronne du groupe, qui a dû quitter avec l'aval de l'Elysée la présidence d'Areva en juin 2011, est accusée par ses détracteurs d'avoir réalisé une acquisition désastreuse en achetant la société minière pour environ 2 milliards d'euros. Après le départ d'Anne Lauvergeon, Areva a divisé par cinq la valeur comptable d'UraMin, qui possède des gisements dans différents pays. Une enquête interne a conclu mi-février qu'aucune fraude n'avait été commise lors de l'opération, mais a relevé des dysfonctionnements en matière de gouvernance.
Anne Lauvergeon, qui parle d'un investissement "stratégique", conteste. Elle a par ailleurs porté plainte en décembre contre son ex-employeur pour avoir été espionnée en lien avec cette acquisition. Elle a engagé cette semaine de nouvelles actions judiciaires contre Areva, après avoir obtenu gain de cause la semaine dernière au sujet de ses indemnités de départ.
Plan de restructuration
Autres raisons des pertes, la catastrophe de Fukushima (Japon), qui a conduit à revoir à la baisse les perspectives d'activité du groupe, ou encore les retards à répétition du chantier de l'EPR d'Olkiluoto, en Finlande.
En prévision de cette saignée, Areva avait annoncé en décembre le lancement d'un plan de restructuration sans précédent pour redresser ses comptes. Ce plan inclut 1 200 suppressions de postes en Allemagne, un gel des embauches dans les services administratifs ainsi qu'un gel des salaires.
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