Anatomie d'un salaire de patron du CAC 40

ENTREPRISES - L'économie réserve parfois des paradoxes. Tandis que les cours du CAC 40 ont chuté de 17% en 2011, la rémunération des grands patrons de l'indice a elle progressé de 4% sur la même période, selon une étude publiée mardi 11 décembre par le cabinet Proxinvest. Les dirigeants des quarante entreprises françaises les mieux cotées ont ainsi gagné une somme moyenne de 4,2 millions d'euros en 2011. En 2010, leurs revenus avaient déjà bondi de 34%. Pour mieux comprendre cette hausse, francetv info dissèque la rémunération des patrons, composante par composante (chiffres Proxinvest).

Le patron le mieux payé l'an dernier était Maurice Lévy, à la tête de Publicis, avec 19,6 millions d'euros. Découvrez dans notre calculateur ce que représente votre salaire mensuel par rapport au sien (peut-être une journée de travail ?).

Le variable annuel : 32% (soit 1,3 million d'euros)

Au sein du salaire des dirigeants, une part est variable car elle est largement soumise à la réalisation d'objectifs fixés au préalable par les comités de rémunération des entreprises. Il s'agit des "bonus annuels". Si "les bonus annuels au titre de 2011 ont baissé de 8,6% au sein du CAC 40", sans doute en raison de la crise, ils "sont restés à un niveau élevé", supérieur au salaire fixe, note Proxinvest.

Toutefois, les bonus ne sont "pas toujours en ligne avec la performance" de l'entreprise, comme à Carrefour et GDF Suez en 2011, où les sommes peuvent paraître exagérées, précise le cabinet. A l'inverse, face à la difficulté de son entreprise, le directoire de PSA Peugeot Citroën a renoncé en avril à la part variable de sa rémunération, rapportait France 3 Franche-Comté.

Les actions gratuites et les options : 28% (soit 1,2 million)

C'est la part actionnariale (et non salariale) des revenus. A ma gauche, les options (ou stock-options, vendues aux dirigeants à un prix faible) ; à ma droite, les actions gratuites (ou actions de performance, offertes aux dirigeants). Il s'agit dans les deux cas d'un système de rémunération basé sur les résultats de l'entreprise en bourse, les dirigeants ayant alors tout intérêt à faire monter le cours de leur société.

"La rémunération en actions gratuites dans le CAC 40 est passée de 3,7% du total en 2006 à 15,9% ou 873 000 euros en 2011", note Proxinvest qui, comme Le Monde, "observe aussi la poursuite de l'extinction du recours aux options". Au final, la part actionnariale est en baisse dans la rémunération des dirigeants, après avoir représenté 55% en 2006 !

La rémunération fixe : 24% (soit 1 million)

Le salaire fixe n'arrive qu'en troisième position dans la rémunération des patrons des entreprises du CAC 40. Pour la première fois, son montant moyen atteint tout de même la barre du million d'euros. A noter que Michel Rollier, en tant que dirigeant jusqu'en mai 2012 de Michelin, n'a reçu aucune part fixe en 2011, selon le Journal du net.

Les indemnités de départ et avantages divers : 16% (soit 670 000 euros)

Pris en compte dans le décompte de la rémunération des dirigeants, le montant des indemnités de départ est pour beaucoup dans la hausse de 4%. Sans cela, les gains des patrons auraient même "baissé de 3%", selon Proxinvest. Les sommes de départ sont en effet importantes, comme le rapportait Challenges en février :"Gilles Pélisson qui quitte Accor en 2010, perçoit 9,2 millions d'euros sur l'année dont une indemnité de départ de 5 millions."

De derniers chiffres entrent dans la rémunération, comme les "jetons de présence", destinés à récompenser l'assiduité au sein des conseils d'administration, ou les avantages en nature (logement, voiture de fonction...). En matière d'avantages, "Ben Verwaayen, d'Alcatel-Lucent, est celui-qui en a perçu le plus (125 892 euros)", relève le Journal du net.

Combien de temps vous faudrait-il, avec votre salaire mensuel actuel, pour gagner ce que gagne le mieux payé des patrons français en un an ? La réponse dans notre calculateur en cliquant ici !