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Benjamin Lawsky, l'homme qui fait trembler BNP Paribas et Wall Street

La banque française est depuis plusieurs mois dans le collimateur du régulateur bancaire de New York. Un homme ambitieux, qui n'en est pas à son premier fait d'armes face aux géants de la finance.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le régulateur financier de New York (Etats-Unis), Benjamin Lawsky, lors d'une audience dans la ville, le 29 janvier 2014. (ERIC THAYER / REUTERS)

"Comment punir une banque." Ce "mode d'emploi", concocté par la radio publique américaine, Benjamin Lawsky l'affiche sans complexe sur son compte Twitter. Tout un symbole, alors que le régulateur bancaire de New York s'apprête à imposer à BNP Paribas, lundi 30 juin, la plus grosse pénalité jamais infligée à une banque étrangère aux Etats-Unis : environ 6,5 milliards d'euros et la suspension pour un an de ses activités de négoce de pétrole et de gaz en dollars, pour avoir brisé des embargos américains.

L'ennemi des géants de Wall Street

L'épilogue d'un nouveau combat mené par cet homme de 44 ans qui, en l'espace de deux ans, s'est taillé une solide réputation d'ennemi numéro un des banques. A peine nommé à la tête du tout nouveau Department of Financial Services (DFS), censé surveiller l'activité des banques et assureurs de New York, cet ancien procureur tient son premier fait d'armes. En août 2012, il s'attaque à Standard Chartered : il accuse cet établissement britannique, comme BNP Paribas, d'avoir violé des embargos américains.

Quitte à court-circuiter les autres régulateurs américains, comme le Département du Trésor, il dégaine une arme inédite : Benjamin Lawsky menace de retirer la licence bancaire de Standard Chartered, ce précieux sésame qui lui permet de mener ses affaires dans ce centre névralgique de l'économie mondiale. "C'est quelque chose qui n'avait jamais été fait, ni même envisagé auparavant, explique aux Echos un responsable d'une ONG américaine. Benjamin Lawsky apporte ce qui manque cruellement aux autres régulateurs : le zèle."

Une arme de dissuasion massive

Acculée, la banque consent, une dizaine de jours plus tard, à un accord à l'amiable et à verser 340 millions de dollars. La réputation de Benjamin Lawksy auprès des grands de Wall Street est faite. Il récidive par la suite en s'en prenant à d'autres géants : le cabinet Deloitte d'abord. Le Crédit Suisse, ensuite, duquel il obtient le paiement de 2,6 milliards de dollars aux autorités fédérales pour avoir proposé des services d'évasion fiscale à de riches Américains. "Quand 'Ben' est convaincu de ce qu'il dit et qu'il en a les preuves, il ne recule pas", confie à l'AFP Steven Cohen, l'un de ses amis et ancien secrétaire du gouverneur de New York reconverti avocat.

Jusqu'à présent, il n'a pourtant jamais mis sa menace de retrait de licence à exécution. Pas besoin, cette arme de dissuasion massive fonctionne. L'intéressé assume ses méthodes. "Vous devez dissuader les mauvais comportements individuels à l'intérieur des entreprises, explique-t-il au Financial Times (en anglais). Les gens qui ont eu ces mauvais comportements doivent être tenus responsables de leurs actes." Il a donc fait des banquiers ses nouvelles cibles après avoir, de 2001 à 2007, poursuivi caïds de la mafia et barons de la drogue en tant que procureur fédéral du district sud de New York, rappelle Le Monde.

Vers une reconversion politique ?

Ambitieux, certains le voient succéder à son mentor, Andrew Cuomo, au poste de gouverneur de l'état de New York. Le démocrate a fait de Benjamin Lawsky son protégé et a taillé pour lui ce poste de régulateur bancaire. Avec BNP Paribas, il compte bien accrocher une nouvelle grande banque à son tableau de chasse. De quoi renforcer son image auprès de l'opinion publique, en vue d'une éventuelle carrière en politique.

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