Sobriété énergétique : "L'urgence, c'est le réchauffement climatique et l'acquisition d'une culture écologique", selon le président de l'Université de Strasbourg
Après avoir annoncé un calendrier de cours restreint pour faire face à l'envolée des prix de l'énergie, Michel Deneken justifie ce choix .
L'Université de Strasbourg va fermer ses portes deux semaines supplémentaires cet hiver pour faire face à l'envolée des prix de l'énergie. La crise énergétique "issue de la guerre en Ukraine est en fait un coup de semonce qui nous rappelle que l'autre urgence, c'est le réchauffement climatique et l'acquisition d'une culture écologique dans nos universités et nos établissements publics", explique mardi 20 septembre sur franceinfo Michel Deneken, le président de l'université.
Dans une vidéo adressée aux étudiants lundi, il a annoncé "une troisième semaine de congés de Noël, début janvier, et une semaine complète de cours en distanciel en février". "Il ne faut surtout pas que ce soit aux dépends des étudiants", prévient toutefois Sylvie Retailleau qui plaide pour le maintien de l'enseignement en présentiel. "C'est un mesure spectaculaire" dont "il faut minimiser l'impact", selon Michel Deneken. "Cela fait neuf jours en tout, dont les premiers jours de janvier qui sont rarement des jours très occupés dans les universités et les facultés".
Une demande qui émane des étudiants
"Les gestes écologiques sont réclamés très fortement par nos étudiants", renchérit-il avant d'ajouter que cette réflexion doit interroger "toute la société française" et "les écoles". Une position partagée par la la ministre de l'Enseignement supérieur qui affirme qu'il y a une attente de la part de "notre jeunesse, de nos étudiants, qui nous poussent sur tout ce qui est transition écologique".
"Peut-être qu'un jour le calendrier universitaire devra bouger et aller vers des mois un peu moins énergivores."
Michel Deneken, président de l'université de Strasbourgà franceinfo
L'université voit sa facture énergétique exploser. Si pour 2022, "le budget est assuré", Michel Deneken prévoit un "quasi-doublement" des dépenses énergétiques en 2023 pour l'établissement, qui comptait près de 57 000 étudiants en 2020-2021.
Des mesures qui ne doivent pas se faire aux dépends des étudiants
Parmi les autres mesures d'économie, le chauffage, fixé à 19 degrés dans "80% des bâtiments" alors que lors des hivers précédents, le chauffage était "plus généreux", autour de 20,5 degrés, selon Michel Deneken. "Ce sont des petits pourcentages mais qui au bout vont nous conduire vers des attitudes vertueuses pour les mois et les années qui viennent", assure-t-il. Sylvie Retailleau encourage la mise en place de ces actions concrètes, qui font partie d'un "plan à court-terme", et promet aussi "d'accompagner" tous les établissements dans un plan à plus long-terme "sur les équipements de recherche".
La Fédération syndicale unitaire estime que ces mesures vont conduire à faire peser sur les étudiants les frais de chauffage et d'électricité alors que "que [leurs] conditions de logement en plein hiver ne sont pas satisfaisantes et sont souvent dramatiques". "Il faut d'abord savoir si quand ils viennent à la fac, ils coupent le chauffage" chez eux, répond Michel Deneken. "Ce sera une bonne réflexion écologique à avoir avec eux" afin de "les conduire sur un chemin plus vert, plus sobre", ajoute-t-il.
Le syndicat FSU dénonce de son côté une entorse au principe de continuité du service public. Les activités de recherches pourraient, selon elle, pâtir de ces mesures, en restreignant l'accès aux laboratoires. "Il ne faut pas exagérer ce qu'il se passe", réagit Michel Deneken. "Ce sont neuf jours, alors que le Covid c'était 18 mois", souligne-t-il. Le président de l'université ne voit pas de "rupture d'égalité" et assure qu'il sera "auprès de la recherche".
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