"Je fais davantage attention" : en Allemagne, l'autodiscipline face à la crise énergétique

Avec sa petite retraite, Karl Friedrich admet que, de toute façon, il n'a guère le choix. À 82 ans, l'ancien ouvier en bâtiment a baissé le chauffage dans son appartement à Berlin : 19 degrés au lieu de 22. Il porte également des pulls comme le lui ont conseillé ses enfants. "Je fais davantage attention et cela me permet d'économiser au moins 20% sur les factures", déclare l'octogénaire, qui respecte les appels à la sobriété du gouvernement face à la guerre en Ukraine. Les résultats se vérifient sur sa facture : "Avant, je payais 233 euros par mois et ce mois-ci, cela m'a couté 172 euros. Mais c'est quand même deux fois plus que ce que je payais avant. La retraite n'augmente pas autant que les prix, qui eux ont flambé de 50 à 80% parfois."

Pas très loin de là, le long de la Sprée, Mathis Menzel, dont les 110 salariés fabriquent des moteurs électriques, fait lui aussi la chasse aux économies. La fédération des entreprises de la métallurgie Gesamtmetall, dont il dépend, a recommandé de réduire de 10% la consommation de gaz. "On allume seulement l'eau chaude quand les ouvriers terminent le travail et pas toute la journée ni le week-end. On a aussi installé des panneaux solaires."

Selon le chef d'entreprise, l'Allemagne a en vu d'autre et compte : "J'ai vu que dans les dernières crises, les gens ont toujours trouvé ensemble des solutions. Ils étaient solidaires. Je suis optimiste sur le fait qu'on va y arriver cette fois aussi." Pour les Allemands, la course aux économies de gaz va durer tout l'hiver, seule façon, ont prévenu les autorités, d'éviter la pénurie.