Énergies : le groupe Engie affiche sa volonté de décarboner ses activités mais des ONG dénoncent un double discours
Les grands groupes français de l'énergie vont tenir leurs assemblées générales comme chaque année à la même période et celle d'Engie, le numéro un français du gaz, a lieu mercredi 26 avril. Dans le secteur de l'énergie, il sera beaucoup question de décarbonation, c'est-à-dire rendre ses activités moins émettrices de CO2. Le secteur est très largement le principal émetteur dans le monde mais investisseurs et actionnaires commencent à être attentifs à cette notion.
Certaines vieilles actualités semblent justement résonner comme des fausses notes dans les couloirs de la tour Engie à La Défense. En 1957, une nouvelle usine d'extraction de gaz naturel est lancée à Lacq dans les Pyrénées-Atlantiques qui s'appelait à l'époque les Basses-Pyrénées. Le commentateur vante "une province de France qui est en passe d'être radicalement transformée par l'apparition de cette usine d'extraction de gaz naturel, la plus importante d'Europe. Et d'extraordinaires lendemains sont annoncés par la torche de Lacq."
Depuis, ce gisement historique de gaz naturel proche de Pau ne brûle plus et l'héritier de Gaz de France (GDF) met en place depuis plusieurs années de lourdes transformations pour aller vers des lendemains sans gaz fossile. "On a plusieurs leviers opérationnels, développe Julia Maris, directrice développement durable d'Engie. Le premier levier est évidemment la sortie du charbon et nous avons acté qu'en Europe, nous ne serons plus dans l'industrie du charbon en Europe à partir de 2025 et 2027 dans le monde. Le deuxième grand levier de la décarbonation du groupe, c'est l'investissement très fort dans les énergies renouvelables : hydraulique, éolien et solaire."
"Nous avons pris des objectifs ambitieux sur le passage progressivement du gaz fossile vers des gaz renouvelables que sont le biométhane et l'hydrogène."
Julia Maris, directrice développement durable d'Engieà franceinfo
Des investissements dans les énergies fossiles dénoncés par les ONG
Engie veut réduire à zéro ses émissions nettes de carbone en 2045. Malgré ces transformations industrielles, le groupe n'est pas en mesure de coller aux trajectoires de réchauffement de 1,5°C fixé par les accords de Paris. Des objectifs insuffisants pour Lucie Pinson, de l'ONG Reclaim Finance, spécialisée sur la finance verte. Elle dénonce le double discours des grands groupes de l'énergie : "Des grands groupes, comme Engie ou Total, investissent dans les énergies renouvelables mais continuent d'investir aussi dans le déploiement de nouveaux projets d'énergie fossile."
"Engie a encore plus d'un gigawatt prévu dans des nouvelles centrales à gaz et vient de signer deux contrats d'importation de gaz de schiste des États-Unis, donc avec un lourd impact sur l'environnement. Ces contrats courent jusqu'en 2042."
Lucie Pinson, de Reclaim Financeà franceinfo
Des actionnaires minoritaires ont déposé des résolutions à l'assemblée générale d'Engie pour plus de transparence sur les politiques climats. D'autres ont entrepris la même démarche en prévision de celle de TotalEnergies fin mai.
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