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Crise énergétique : course contre la montre pour EDF afin d'assurer la production d'électricité cet hiver

EDF annonce la remise en service de 42 réacteurs en décembre et 46 en janvier prochain pour tenter de passer l'hiver sans coupure. Mais ces prévisions restent incertaines. 

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un chantier de forage pour la création d'un réseau de refroidissement de secours de la centrale nucléaire de Civaux (Vienne), le 24 mai 2022.  (MATHIEU HERDUIN / MAXPPP)

EDF s'est lancé dans une course contre la montre pour assurer la production électrique de cet hiver. L'électricien public a annoncé mardi 7 novembre qu'il comptait disposer de 42 réacteurs en décembre et 46 en janvier contre 30 aujourd'hui sur les 56 réacteurs français. Mais cette promesse reste fragile alors que le groupe a dû repousser la remise en service de quatre réacteurs la semaine dernière.

42 réacteurs en service en décembre et 46 en janvier : cela reste un chiffre de disponibilité bas. Plus bas en tout cas que ce qu'espérait le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire. Il s'était basé sur le scénario le plus optimiste de RTE, le gestionnaire du réseau électrique. Or RTE table à présent sur ce qu'il appelle un scénario prudent : cela signifie qu'il ne faut pas que l'on ait un hiver très froid. Sinon RTE devra activer son signal écowatt rouge plusieurs fois dans la saison et il faudra sans doute recourir à des coupures d'électricité. Si cette production nucléaire baisse encore, ce sera le scénario dégradé. C'est-à-dire que même avec un hiver chaud, il y aurait un risque de coupures.

Des pronostics fragiles 

Sur le risque de nouveaux problèmes dans des centrales, EDF reste désormais prudent. Plus question de pécher par optimisme comme c'était le cas fin octobre devant le Sénat. "C'est toujours la même question, qu'est-ce que vous garantissez aujourd'hui ?, explique Régis Clément, le directeur adjoint du parc nucléaire d'EDF. J'ai expliqué que le niveau de mobilisation exceptionnel sur lequel l'entreprise est engagée et avec nous les entreprises qui interviennent sur les réacteurs. Donc on est plutôt confiants." 

Mais le fonctionnement des 42 réacteurs en décembre et 46 en janvier reste un pronostic. La semaine dernière, EDF a encore dû annoncer quatre retards de remise en service sur son parc. Deux d'entre eux à cause de nouvelles découvertes de problèmes de corrosion sous contrainte. Il s'agit de micro fissures sur les tuyauteries. Elles sont apparues à la toute fin de la batterie de tests réalisés sur les réacteurs des centrales de Cattenom, en Moselle et Penly, en Seine-Maritime. À cela s'est ajouté le refus de l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire) d'accepter le redémarrage d'un réacteur à Cattenom. Les réparations prévues plus tard devront s'effectuer dès maintenant. L'incident qui s'est produit mercredi 2 novembre à la centrale de Civaux : l'éjection d'un élément radioactif lors d'un test et une fuite montre la fragilité de ces pronostics. 

Mobilisation exceptionnelle 

Pour tenter d'éviter de nouveaux retards, EDF souligne sa mobilisation : une course contre la montre. L'électricien a d'abord renforcé ses équipes en faisant appel à une centaine de soudeurs canadiens et américains, en plus des 500 qui sont déjà sur le pont. Il a modifié son planning très complexe de maintenance des réacteurs nucléaires afin de positionner un maximum d'unités sur les périodes vues comme étant les plus froides. Enfin, il améliore ses procédures de contrôle sur les réacteurs, ce qui devrait permettre de détecter un éventuel problème avant que ce soit nécessaire de découper des tuyauteries. Avec cela, il espère augmenter sa production nucléaire en 2023, sachant qu'en plus les grèves ont fait perdre l'équivalent de huit mois de production d'un réacteur nucléaire cette année.

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