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Crise de l'énergie : "Les maires ne réduisent pas le chauffage dans les écoles de gaieté de coeur", selon un politologue

D'après une étude du Cevipof, un maire sur deux est prêt à réduire le chauffage, y compris dans les écoles et les crèches.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un maire d'une commune de l'est de la France travaille dans son bureau à la mairie, le 7 janvier 2020. Photo d'illustration. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

"Les maires ne réduisent pas le chauffage dans les écoles de gaieté de cœur", estime lundi 22 novembre sur franceinfo Martial Foucault, auteur d'une étude sur la réaction des élus à la crise énergétique. Le directeur du Cevipof explique que "le choix des maires se porte dans un premier temps sur la réduction de l'intensité de l'éclairage." Si "certaines communes pourront passer l'hiver", d'autres "sont prises à la gorge", selon Martial Foucault qui pose le débat de la fin du principe d'égalité territoriale. "Cette crise montre qu'il y a un besoin de différenciation au niveau territorial", développe Martial Foucault.

franceinfo : D'après votre étude, un maire sur deux est prêt à réduire le chauffage, y compris dans les écoles et les crèches. Cela veut-il dire que le message du gouvernement est passé ?

Martial Foucault : C'est un principe de réalité avant tout budgétaire pour ces maires. Ils ne réduisent pas le chauffage dans les écoles primaires, les crèches ou d'autres services communaux, de gaieté de cœur. Ce qu'ils voient aujourd'hui, c'est comment vont-ils faire pour équilibrer un budget avec des montants parfois multipliés par deux, quatre, six, ou huit. Je ne sais pas si c'est l'adhésion à un discours de la sobriété entendue depuis la rentrée qui a fait florès dans toutes les communes de France. Notre enquête montre que le choix des maires se porte dans un premier temps sur la réduction de l'intensité de l'éclairage et de l'amplitude horaire.

Dans le même temps, ils sont moins d'un maire sur cinq à vouloir augmenter les impôts locaux ?

Pour eux, c'est une forme de défaite politique. Notre enquête montre qu'ils souhaitent premièrement réduire l'ensemble des achats de fournitures et de prestations de services. Ensuite, et c'est tout aussi inquiétant pour les prochains mois, ils sont prêts à réduire les dépenses consacrées à la voierie. Or, on sait que dans un certain nombre de communes, il y a urgence en termes de voirie. Ils réfléchissent aussi à renoncer à des recrutements de personnels. Ce qui veut dire qu'il va y avoir de très grandes transformations dans leur capacité de fonctionnement.

Les maires ne sont pas rassurés par les annonces du gouvernement sur le bouclier tarifaire ou sur les prêts verts pour les collectivités ?

Non. Beaucoup de maires se demandent surtout quelles sont leurs marges de manœuvre face à la situation énergétique. Certaines communes pourront passer bien sûr cet hiver et puis peut être même les prochaines années, dans des conditions plus favorables. D'autres sont d'ores et déjà prises à la gorge aujourd'hui. Il faut donc peut-être se demander si ces spécificités de territoires n'exigent pas des réponses à la carte ? Je crois que, lors du congrès des maires, on en entendra qui ne souhaitent pas nécessairement ce principe d'égalité territoriale. Cette crise montre qu'il y a un besoin de spécifications, un besoin de différenciation au niveau territorial.

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