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Devenir espion à la DGSE : JJ Cécil, ex agent à la DGSE

"La DGSE n'a pas besoin de Rambo." Aujourd'hui journaliste indépendant et auteur de nombreux ouvrages sur l'espionnage militaire et économique, Jean-Jacques Cécile revient sur son parcours d'agent des renseignements français.
Article rédigé par Francetv Emploi
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min

Pour devenir espion pour la DGSE, «Il faut être très professionnel, autonome, prendre les bonnes décisions, ne pas craindre la solitude, être psychologiquement stable». C'est par ces mots que début Jean-Jacques Cécile, auteur de livres sur l'espionnage et lui-même ancien espion. Voici ses conseils pour réussir dans cette voie.

Comment êtes-vous devenu un "espion" ?

Jean-Jacques Cécile : "Je préfère le terme «  agent de renseignement », qui est moins péjoratif pour ce travail. L'espion à la 007 ne représente qu'une petite partie du personnel impliqué dans ce qu'on appelle «  l'espionnage ». J'ai commencé ma carrière au 13ème régiment de dragons parachutistes (13ème RDP), qui forme des commandos destinés à être largués derrière les lignes ennemies pour observer et transmettre le renseignement.  C'est une partie du renseignement d'origine humaine, qui comprend aussi les espions solitaires, l'interrogation de prisonniers, le contact avec les services étrangers, l'interrogation des populations sur place ou des réfugiés...  J'ai ensuite fréquenté le Secrétariat général de la défense nationale (SGDN), puis le Bureau de renseignement de l'état-major de la première armée avant qu'elle ne soit dissoute et tombe sous le contrôle de la Direction du renseignement militaire (DRM)."

Comment la DGSE recrute-t-elle ses agents de terrain ?

J.-J.C. :  "La DGSE recrute dans toutes les unités de l'Armée de terre. Certains nageurs du Service action sont maintenant recrutés dans le 13ème RDP... Les appels à candidature pour le travail d'espion sont tenus plus ou moins secrets par les chefs de corps qui ne veulent pas toujours voir partir leurs meilleurs éléments." 

Quel conseil pourriez-vous donner à quelqu'un qui veut se lancer dans l'espionnage ?

J.-J.C. : "Surtout ne pas être mythomane. La DGSE n'a pas besoin de Rambo. L'endurance est la qualité principale, mais elle tient plus au mental qu'au physique. Au sein des commandos marine, on dit que le bon nageur de combat n'est pas un pur-sang, mais un cheval de labour, qui sait durer dans l'effort." 

Qu'en est-il de l'espion économique ?

J.-J.C. : "Il n'y a pas de distinction à faire entre un espion économique et un espion militaire. L'espionnage industriel ou économique a toujours existé. Certains le redécouvrent peut-être maintenant. L'espion est avant tout quelqu'un qui sait s'adapter à de nouveaux marchés et à de nouvelles missions. Il sera peut-être habillé différemment, ses techniques et les technologies utilisées ne seront pas les mêmes, mais la finalité restera identique.  Par exemple, on peut être amené à faire du renseignement économique en Irak : l'espion économique adoptera alors des modes d'action très proches des espions militaires qui ?uvrent sur le terrain, en uniforme ou en civil."

En ce qui concerne l'intelligence économique, la France donne l'impression qu'elle vient tout juste de se lancer dans la bataille...

J.-J.C. : "Officiellement, cela fait longtemps que la France s'est lancée dans cette bataille, mais elle s'était contentée jusque-là de déclarations d'intention. Les entreprises françaises ont accumulé un certain retard."

Pourquoi ?

J.-J.C. : "La première raison, c'est l'état d'esprit. On croit, dans l'armée comme dans l'industrie, que le chef sait tout et qu'il n'a ainsi pas besoin d'être renseigné. La deuxième raison tient aux coûts importants du renseignement économique. Les consultants spécialisés dans ce domaine ont du mal à négocier avec les responsables industriels, pour la plupart encore frileux et peu enclins à réaliser de gros investissements."

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