Maîtrisez votre langage corporel face au recruteur
- Quels sont les gestes ou les postures à éviter en entretien ?
Franck Marcheix : "Il n'y a pas une règle générale. On ne demandera pas la même attitude en fonction des domaines d'activités. Le langage corporel est perçu différemment selon que le candidat est avocat ou graphiste. Toutefois, il existe des croyances erronées. Ainsi, un regard fuyant est synonyme de fausseté et de lâcheté.Cependant, regarder dans les yeux son interlocuteur avec insistance peut être ressenti comme de l'arrogance. Autre idée reçue : croiser les bras ou les jambes est considéré comme un signe de fermeture. Or, cela n'a jamais été sérieusement prouvé. Ce qui est intéressant de noter dans la communication non verbale, c'est le mouvement, le changement. C'est-à-dire, quand une personne ferme les bras ou les jambes sur un mot en particulier."
- Faut-t-il tenir compte de la gestuelle du recruteur ?
F. M. : "Le candidat doit être attentif à la manière dont la communication se déroule avec le recruteur. Il doit observer, scruter, analyser son interlocuteur pour se positionner par rapport à lui. C'est ce qu'on appelle la technique de la calibration. Si le recruteur croise les jambes, le candidat peut le faire également. En revanche, si le recruteur s'exprime avec des gestes amples et que le candidat s'exprime par de petits gestes, il va y avoir un décalage.Attention, il ne s'agit pas de singer ou de mimer la personne en face de soi. Mais de repérer certaines de ses attitudes et lui renvoyer une image similaire. Le candidat a la possibilité d'ajuster son langage corporel en fonction de la réaction du recruteur. L'entretien est un moment où l'on fait vivre son corps. De fait, il est contre indiqué de rester prostré sur son siège sans bouger parce que l'on craint de dévoiler son stress en se tordant les mains par exemple. Plus le candidat va essayer de contrôler son corps en se disant mentalement « je ne dois pas tordre mes mains », moins il y arrivera. Au final, une autre partie du corps exprimera ce stress."
- Le visage par exemple, avec les micro-expressions ?
F. M. : "Les micro-expressions faciales font l'objet de travaux reconnus qui font référence, notamment ceux de Paul Eckman*, conseiller de la série américaine Lie to me [ndlr : le héros est un scientifique qui résout des affaires criminelles en détectant le mensonge grâce notamment à cette lecture des micro-expressions]. Elles durent très peu de temps, entre 1/16ème et une demi-seconde. Elles ne sont pas contrôlables et apparaissent quand une personne cherche à dissimuler ses véritables émotions. Seul un public averti peut les déceler. En France, les recruteurs ne savent pas les détecter mais ils peuvent les ressentir inconsciemment."
- Finalement, mieux vaut ne pas chercher à maîtriser tous ses gestes ?
F. M. : "Lors d'un entretien, ce qui va primer, c'est la cohérence entre les propos et les gestes du candidat. Il faut être naturel et à l'aise. Montrer ce que l'on est et non pas ce que l'on veut paraître, en apprenant à . C'est sur cette dimension qu'il faut travailler."* Il existe sept expressions de base universellement reconnues : la peur, la tristesse, la colère, la joie, le dégoût, la surprise et le mépris. Les micro-expressions sont des expressions qui représentent les émotions correspondantes.
En savoir plus :
De nombreux livres sont consacrés à la communication verbale. Voici quelques ouvrages pour mieux maîtriser ce domaine :
- Le langage du corps : Décryptez vos gestes et ceux de vos interlocuteurs
Tiziana Bruno, Gregor AdamczykIxelles éditions, Collection : Les mini Guides Ecolibris, 20093, 90 euros
- Le sens caché de vos gestes
Joseph MessingerEditions Pocket, 20108, 70 euros
- La Bible de la communication non verbale
Jean-Claude MartinEditions LEDUC.S, 201020, 80 euros
- La synergologie : Comprendre son interlocuteur à travers sa gestuelle
Philippe TurchetEditions Pocket, 20106, 90 euros
- Et pour les curieux, le blog de Philippe Turchet consacré à la compréhension du langage corporel.
Rédigé par Odile GnanaprégassamePublié le 06/02/2012
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