Vidéo Quand deux Whirlpool vont en Pologne voir l'usine qui va "prendre leur emploi"

"Envoyé spécial" a suivi des salariés de Whirlpool dont les emplois vont être délocalisés en Pologne. Dans cet extrait, l'équipe du magazine accompagne deux d'entre eux, Patrice, le délégué syndical, et François, à Lodz (prononcer "Voutch").

A quoi ressemble l'usine qui va leur "prendre leurs emplois" ? C'est un grand bâtiment gris en tôle ondulée qui porte encore son ancienne enseigne, Indesit. Il est 13 heures, c'est l'heure du changement d'équipe – comme à Amiens. Le moment idéal pour approcher les ouvriers. Mais ils ne veulent pas nous parler : ils ont reçu des consignes de la direction. Un seul d'entre eux accepte. Il s'appelle Pavel. Il travaille quarante heures par semaine pour 420 euros par mois, trois fois moins que Patrice et François. "Ça veut dire que pour le prix d'un Français, ils peuvent avoir trois ou quatre Polonais", explique-t-il, fataliste, pour se défendre de "prendre le travail des Français".

Whirlpool paie la main-d'œuvre trois fois moins cher, mais le sèche-linge coûte le même prix

Et les produits de l'usine ? Sont-ils, comme la main-d'œuvre, trois fois moins chers en Pologne ? Petit détour par le centre de commercial de Lodz, lui aussi tout neuf. On se croirait à Euralille, s'amuse Patrice. Au bout d'une galerie, un grand magasin d'électroménager. Au rayon des sèche-linge, plusieurs sont siglés Whirlpool. "Exactement les mêmes", constate François, qui a bien envie d'en démonter un "vite fait" pour savoir où il est fabriqué. Et le prix ? "Ah, ça pique !" s'exclame Patrice après une rapide conversion. C'est le même qu'en France : 647 euros. "Ici, c'est un salaire et demi..."

Extrait de "Whirlpool : les oubliés de la campagne", un reportage diffusé dans "Envoyé spécial" le 27 avril 2017.