"Aujourd’hui, un jeune majeur sur trois sortant de la protection de l’enfance est sans abri", alerte une association
340 000 enfants sont confiés actuellement à la protection de l'enfance, 63 000 en sortent chaque année.
"Aujourd’hui un jeune majeur sur trois sortant de la protection de l’enfance est sans abri", regrette le président de l'association départementale d'entraide des personnes accueillies en protection de l'enfance Jean-Michel Beau, ce mercredi 16 juin sur franceinfo, alors qu'un projet de loi a été présenté ce même jour en Conseil des ministres pour tenter d'améliorer le sort des 340 000 enfants confiés actuellement à la protection de l'enfance. Il dénonce la "souffrance" de ces enfants mais aussi celle des personnels, ainsi que le "manque de moyens".
Existe-t-il des difficultés de recrutement pour trouver de nouveaux assistants familiaux ?
Je crois que toutes les structures de protection de l'enfance aujourd'hui sont cruellement en recherche de personnel avec un vrai problème autour des assistantes familiales dont on doit perdre presque 50 % des effectifs dans les années à venir, à cause de leurs départs à la retraite. Y remédier passe par de meilleures rémunérations et des conditions de travail qui doivent sans doute être réévaluées aussi. Aujourd’hui, ce sont des personnels en souffrance qui mettent en souffrance aussi les jeunes accueillis dans le cadre de la protection de l'enfance par manque de moyens.
Combien de temps dure la formation de nouvelles recrues ?
Ça prend déjà un certain temps. Mais encore faut-il se poser la question de la rémunération de la formation des recrues et des moyens accordés. Là encore, c'est sur les départements que cela repose. Alors quelle sera la position de l'Etat par rapport à cela ? Il y a actuellement 340 000 enfants qui sont jeunes, qui bénéficient de la protection de l'enfance, et 63 000 qui en sortent chaque année. Dans le projet de loi, se pose la question des moyens mis en place par l'Etat pour parvenir à un ensemble de protections efficaces.
Quels sont les indicateurs qui permettent de mesurer la progression dans ce domaine ? L'intégration des enfants placés dans la société, dans le monde professionnel ?
Oui sur ces indicateurs là, il y a beaucoup de choses à dire. Aujourd’hui un jeune majeur sur trois sortant de la protection de l’enfance est sans abri. 70 % de ces jeunes n'ont pas de formation et le taux de handicap parmi eux est cinq fois supérieur au reste de la population. Et c'est à ces jeunes qu'on demande d'être autonomes, insérés à 18 ou 21 ans, le tout avec des disparités fortes sur le territoire qui ne sont pas du tout prises en compte dans le texte de loi. D'un département à l'autre, les niveaux d'accompagnement vont varier énormément. Je ne me vois pas demander à mes propres enfants de 18 ou 20 ans d'être autonomes alors que l'âge moyen de sortie du cocon familial en France est de 24 ou 25 ans. Alors forcément, ils se retrouvent pour une partie d'entre eux à la rue. C’est indigne.
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