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Enquête BuzzFeed sur les candidats FN : "On souhaite une politique plus offensive des procureurs sur ce type de propos"

Sur franceinfo, Malik Salemkour, président de la Ligue des droits de l'homme, a appelé les procureurs à "une politique plus offensive" contre les propos racistes, antisémites et xénophobes sur internet.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Capture d'écran de l'enquête de Buzzfeed sur les candidats Front national aux élections législatives. (capture d'écran / Buzzfeed)

Le site BuzzFeed a étudié les comptes Facebook et Twitter des 573 candidats investis par le Front national pour les élections législatives. L'analyse a révélé qu'une centaine de candidats a publié, commenté ou partagé des propos racistes, antisémites, et/ou homophobes sur les réseaux sociaux. Malik Salemkour, président de la Ligue des droits de l'homme a réagi à cette enquête sur franceinfo, mardi 6 juin. "Le racisme est un délit" et non "une opinion" dit-ilet donc "cela tombe sous le coup de la loi".

franceinfo : Votre organisation, la Ligue des droits de l'homme, compte-t-elle saisir la justice ?

Malik Salemkour : Elle le fait déjà régulièrement et quasi-quotidiennement car nous ne laissons pas passer les propos racistes. Nous saisissons le procureur parce que c'est lui qui doit faire appliquer la loi. Le racisme est un délit, donc le procureur doit engager les poursuites quand cela est nécessaire. Dans le cas des candidats Front national, on regarde précisément chacune des citations. On voit bien que le but est de tourner autour du sujet sans tomber sous le coup de la loi, mais dans d'autres cas, on a des propos homophobes, des propos racistes, antisémites qui pourront être poursuivis et condamnés.

Que dit la loi précisément ?

À partir du moment où vous diffusez une information qui est une injure raciste ou une incitation à la discrimination, vous êtes dans une logique de complicité des faits. Là, de toute façon, on a une intention raciste de la part des candidats. Il n'empêche, le racisme est un délit, ce n'est pas une opinion et cela tombe sous le coup de la loi. On risque jusqu'à un an de prison et jusqu'à 45 000 euros d'amende pour l'injure raciste. Mais l'objectif, au-delà de la condamnation, c'est surtout que politiquement les électeurs soient éclairés. 

Tenir ces propos, c'est immoral mais aussi illégal. Cela attise la haine et justifie les agressions, les violences antisémites, racistes... C'est là-dessus qu'il faut travailler.

Malik Salemkour, président de la Ligue des droits de l'homme

à franceinfo

Quelle est la fréquence de ce genre de propos sur les réseaux sociaux ?

C'est compliqué car ces propos sont multiples et illimités. Ce que l'on constate, c'est que la parole se libère et c'est là-dessus qu'il faut travailler. J'en appelle à François Bayrou, ministre de la Justice, de rappeler au procureur que s'il constate de tels faits, il doit poursuivre. Aujourd'hui, quelques parquets comme celui de Paris le font systématiquement mais ailleurs, ce n'est pas le cas. On souhaite une politique plus offensive des procureurs sur ce type de propos. La parole raciste se banalise, mais heureusement, beaucoup de citoyens s'en émeuvent. Mais on n'a pas le réflexe de saisir la justice pour ne pas laisser passer de tels propos. Le faire savoir est aussi utile.

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