: Vidéo "Je pouvais le croiser à tout moment" : le meurtrier présumé de son compagnon a été libéré pour une erreur de date
La détention provisoire du meurtrier présumé d'Hugo n'a pu être prolongée à cause d'une erreur de lecture. Il est donc libre jusqu'à son procès. Parfois, le système judiciaire dysfonctionne… Extrait d'un reportage d'"Envoyé spécial" à voir le 28 mars 2019.
Hugo a été tué d'un coup de couteau à la sortie d'une boîte de nuit, au cours d'une dispute avec des inconnus. C'était en octobre 2016, à Lyon. Son meurtrier présumé s'est rendu quelques heures plus tard à la police. Il a été placé en détention provisoire dans l'attente de son procès pour meurtre... puis relâché, un an et demi après la mort d'Hugo. Comment expliquer cette libération ?
En France, la détention provisoire obéit à des règles très strictes. Après une première année de prison, elle doit être renouvelée tous les six mois, au jour près, par le juge des libertés et de la détention, le JLD. Dans l'affaire d'Hugo, la date de l'incarcération du meurtrier présumé a été inscrite à la main sur son dossier. C'est ici qu'est survenue l'erreur.
La détention provisoire a expiré avant d'avoir pu être prolongée
Les journalistes d'"Envoyé spécial" ont découvert qu'au cabinet du JLD, le juge ou son greffier a lu "30 octobre 2016" au lieu du "3 octobre". A cause de cette erreur de lecture, la détention provisoire a expiré avant d'avoir pu être prolongée. Le meurtrier présumé a donc été automatiquement libéré le 3 avril 2018.
Caroline, la compagne d'Hugo, l'a appris par son avocat. La nouvelle la laisse "sidérée", "en état de choc" – et plus encore lorsque son avocat lui explique qu'une fois levée, la détention provisoire ne peut pas être ordonnée à nouveau avant la tenue du procès. Le meurtrier présumé est donc libre jusqu'à son procès.
"Il est libre, il a le droit de travailler, il rigole avec ses copains..."
Profondément "dégoûtée, révoltée" par cette justice en laquelle elle avait confiance, Caroline confie avoir pensé à changer de pays : "Il est libre, il a le droit de travailler, il rigole avec ses copains, il peut se promener dans la journée... J'ai vécu plus de six mois à Lyon en sachant qu'il était libre dans la même ville que moi, et que je pouvais le croiser à tout moment."
Fait exceptionnel, l'avocat de la famille d'Hugo a reçu une lettre d'excuses de la procureure générale de Lyon pour ces "dysfonctionnements judiciaires".
Extrait de "Quand la justice se trompe", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 28 mars 2019.
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