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Pression du Conseil d'Etat au sujet de la pollution de l'air : l'association Respire salue "une décision historique" et "attend une réaction du gouvernement"

Avec "50 à 70 000 morts par an", la pollution de l'air est "comme un Covid chaque année", estime Olivier Blond, le président de Respire. Il appelle le gouvernement à soutenir davantage le passage du diesel à l'électrique.

Article rédigé par franceinfo
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Un embouteillage à la sortie de Paris.  Photo d'illustration. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Olivier Blond, président de l'association Respire (association nationale pour la prévention et l'amélioration de la qualité de l'air), salue, vendredi 10 juillet sur franceinfo, "une décision historique" et "attend une réaction du gouvernement", alors que le Conseil d'Etat somme la France d'agir sur la pollution de l'air, sous peine d’une astreinte de 10 millions d’euros par semestre de retard.

franceinfo : Cette nouvelle pression exercée sur l'Etat va-t-elle suffire ?

Olivier Blond : C'est une décision historique, parce que cette astreinte est d'un montant très important. On attend une réaction du gouvernement à la suite de cette décision. Elle appelle un grand plan de lutte contre le diesel, parce que le polluant principal dans cette décision, c'est le dioxyde d'azote, et il est principalement émis par ces moteurs diesel dans les centres-villes, parce que c'est vraiment un problème urbain. Par rapport à ces moteurs diesel, il y a plein de choses à faire, on sait comment faire.

Il faut que l'Etat mobilise de l'argent pour aider les gens à changer de véhicule, et qu'il prenne de grandes décisions importantes.

Olivier Blond, président de l'association Respire

à franceinfo

Ce n'est pas nouveau, ça fait des années qu'on lui demande de le faire. C'est pour cela qu'on est très heureux de cette décision du Conseil d'Etat.

Dans la vallée de l'Arve (Haute-Savoie), l'une des zones les plus polluées de France, qu'a-t-il été fait ?

Il y a eu des mesures importantes faites sur les véhicules, mais aussi sur le chauffage urbain, car dans cette région il y avait un problème spécifique de chauffage au bois. Ce que la vallée de l'Arve montre, c'est que quand l'Etat veut prendre des mesures et veut régler le problème, il peut le faire. Encore une fois, on a les moyens de résoudre ce problème de pollution de l'air, c'est juste un manque de volonté politique.

Les mairies ont-elles aussi leur rôle à jouer ?

Bien sûr, vous n'êtes pas sans ignorer qu'on vient de passer par une séquence municipale forte. Anne Hidalgo, à Paris, s'est engagée à interdire les véhicules diesel en 2024, pour les Jeux Olympiques. Il y a un ensemble de nouvelles équipes municipales écolos, qui j'espère vont prendre des mesures en ce sens. C'est clairement un enjeu pour les villes, mais ce qu'on attend c'est que l'Etat s'empare de ce sujet, car c'est trop facile de se défausser sur les régions, sur les villes. L'Etat doit protéger la santé des citoyens.

Il y a 50 à 70 000 morts par an [à cause de la pollution de l'air], toutes causes confondues, c'est comme un Covid chaque année. C'est une crise sanitaire majeure.

Olivier Blond, président de l'association Respire

à franceinfo

C'est l'équivalent d'une ville qui disparaît chaque année. Par rapport à cette crise sanitaire, l'inaction du gouvernement est choquante. On voit ce qu'il a été capable de faire pour lutter contre le virus, on peut s'en féliciter, il faudrait que le gouvernement fasse autant ou à peu près autant contre la pollution de l'air.

On va vous accuser d'être anti-voiture ?

Je suis anti-pollution. On n'est pas anti-automobilistes. Par exemple, on peut tout à fait imaginer un ensemble de mesures pour aider les particuliers, les chauffeurs de taxis, les VTC, les artisans etc., à passer à l'électrique. Ce serait super intéressant qu'il y ait des subventions importantes, le développement d'un réseau de recharge adapté. On attend le gouvernement là-dessus. Il y a aussi toutes les autres mesures sur le vélo, la marche à pied, mais ne serait-ce que sur le véhicule électrique, il y a plein de choses à faire.

Que faire concernant la publicité, le gouvernement n'étant pas d'accord sur certains points en son sein, par exemple sur la publicité autour des SUV ?

Ca fait partie des mesures qu'on pourrait imaginer. Il y a eu une Convention citoyenne sur le changement climatique, on pourrait lancer une Convention citoyenne sur la pollution de l'air, parce que ce n'est pas exactement la même chose.

Je suis persuadé que les citoyens approuveraient des mesures qui limitent la publicité pour les véhicules les plus polluants.

Olivier Blond

à franceinfo

Il y a un problème de taille, les SUV sont de plus en plus lourds, et même si les motorisations progressent, ils polluent de plus en plus. La particularité de la France, c'est qu'on a un parc automobile très dieselisé, qui émet beaucoup plus de dioxydes d'azote que dans d'autres villes.

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