Naïma Moutchou, députée LREM, dénonce les conditions de vie en prison
Dans une interview pour Brut., la députée profite des récentes visites des députés dans les prisons françaises pour dénoncer leur surpopulation et leur dégradation.
Des députés en visite
Une "opération prison" a été organisée ce lundi 6 novembre : plus de trente députés de tous bords se sont rendus simultanément dans plusieurs prisons françaises afin de contrôler les conditions de vie des détenus et les conditions de travail du personnel pénitentiaire.
Depuis les années 2000, les députés ont en effet le droit de se rendre inopinément dans n’importe quelle prison de France et d’Outre-mer.
« On arrive, on se présente et immédiatement les portes nous sont ouvertes, et on peut effectivement demander à ouvrir n’importe quelle cellule et aller dans n’importe quel endroit de la prison. » rappelle Naïma Moutchou, députée LREM.
Cette dernière a profité de l’opération pour se rendre à la maison d’arrêt d’Osny, dans le Val-d’Oise.
Les prisons françaises en mauvais état
Naïma Moutchou raconte : « Ce que j’ai vu à Osny c’est d’abord une surpopulation, qui est endémique en France. C’est plus de 900 détenus pour à peu près 500 places, donc c’est une vraie problématique. Ce que j’ai vu c’est un bâtiment vieux de 27 ans qui a beaucoup vieilli dans un état de vétusté qui est assez démentiel, et puis, évidemment, c’est aussi la difficulté de travail du personnel au quotidien ».
Car il est bien souvent en sous-effectif : « Je crois qu’il y a 30% d’absentéisme, et c’est énorme. ».
« La dégradation des lieux et de toutes les prisons en général est lié au problème principal de la prison : le fait qu’elle soit surpeuplée. Si on règle ce problème, on aura déjà fait un grand pas de manière à régler les autres difficultés de la prison. ».
En France, il y a presque 69 000 détenus pour 58 000 places. Le taux d’occupation moyen des prisons de 116%, et dépasse les 150% dans trente d’entre elles.
Vers une amélioration ?
«15 000 places devraient être construites pour désengorger. Alors, ça parait évident, mais cela n’a toujours pas été fait jusque-là. » déplore la députée.
La garde des Sceaux Nicole Belloubet a lancé plusieurs chantiers de la justice, parmi lesquels une recherche d’alternatives pour ce qui est des peines les plus courtes. Naïma Moutchou, en accord avec la ministre de la Justice, considère que le tout-carcéral n’est pas la solution : « Aujourd’hui, sur les courtes peines, il faut pouvoir réfléchir à d’autres modes de fonctionnement : les bracelets électroniques, le travail d’intérêt général, les centres de détention ouverts. ».
Comme le souligne la députée, le but de l’État est aussi de pouvoir réintégrer certains de ces détenus dans la société : « Il faut aussi penser à la réinsertion sociale. Aujourd’hui, l’état des prisons fait que le taux de récidive a explosé. ».
Qu’est-ce que la prison ? Selon la députée, c’est avant tout « la privation de liberté, pas la privation de la dignité ».
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