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Le serpent de mer de la surpopulation carcérale

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Brut : surpopulation carcérale
Brut : surpopulation carcérale Brut : surpopulation carcérale
Article rédigé par Brut.
France Télévisions

En France, le principe "un détenu, une cellule" est inscrit dans la loi depuis 1875. Il n'a jamais été respecté. 

 

Pendant plus de deux semaines, les surveillants de prison se sont mobilisés partout en France pour réclamer de meilleures conditions de sécurité, davantage de moyens et d’effectifs. L’un des nœuds majeurs du problème : la surpopulation carcérale. Selon le Conseil de l’Europe, la France est le troisième pays de l'Union européenne à avoir les prisons les plus surpeuplées derrière la Hongrie et la Belgique. Elle présente un taux d'occupation de 120% au niveau national, 140% dans les maisons d'arrêt et même 200% en région parisienne, selon le ministère de la Justice. Toutefois, ce problème n’est pas récent.

Une situation "indigne"

Au fil des années, de Robert Badinter à Jean-Jacques Urvoas, en passant par Rachida Dati et Christiane Taubira, tous se sont accordés pour dire que "LE problème, c’est la surpopulation carcérale". En effet, depuis 1990, les prisons françaises sont en état de surpopulation continue. Pourtant, le principe "un détenu, une cellule" est inscrit dans la loi depuis 1875. Mais il n'a jamais été respecté. Même si entre 1990 et 2016, 21 892 places nettes de prison ont été mises en service, le nombre de détenus a lui augmenté de 23 399 sur la même période.

En 2016, Huber Gratraud, surveillant de prison, dénonçait une situation non "concevable" : "Trois détenus dans une cellule, vous imaginez la dignité humaine ?" En août dernier, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, faisait le même constat : "Dans les établissements en Île-de-France, dans le sud ou l’outre-mer, on est à 200% d’occupation. Ça veut dire des détenus qui sont à quatre dans des cellules pour deux, des cellules de neuf mètres carrés. Cette situation est inadmissible et ne devrait pas exister en France, censée être a patrie des droits de l’Homme." Selon l’Observatoire International des Prisons (OIP), trente-six prisons ont déjà été condamnées pour conditions de détention indignes par la justice française ou la Cour européenne des droits de l’homme. 

10 000 places supplémentaires d’ici à cinq ans

Comme ses prédécesseurs, la ministre de la Justice actuelle, Nicole Belloubet, considère également que "la surpopulation carcérale est un problème". Après plusieurs échecs d’accord entre les syndicats et la garde des Sceaux, le syndicat pénitentiaire majoritaire Ufap-Unsa a finalement accepté la proposition d’accord de la ministre le 26 janvier dernier. Elle a estimé à 10 000 le nombre de places qui pourraient être construites avant la fin du quinquennat. Par ailleurs, elle a annoncé la création de 1 100 emplois supplémentaires et une enveloppe de plus de trent millions d'euros.

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