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Bruno Poncet, cheminot : "En quinze ans, j’ai dû faire trois ou quatre Noël en famille"

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Brut : Bruno Poncet
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Article rédigé par Brut.
France Télévisions

Bruno Poncet est cheminot. Il raconte son métier, sa fierté de l’exercer et ses difficultés.

Dans le cadre de la réforme de la SNCF, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé vouloir mettre fin au statut de cheminot pour tous les futurs salariés de la SNCF. Ce statut, jugé "trop rigide" pour le Premier ministre fait également l’objet de nombreuses idées reçues. Bruno Poncet, cheminot, raconte la réalité de son métier. 

"Le travail est toujours aussi pénible"

Entré à la SNCF en janvier 2001, il est devenu agent de circulation, "ce sont les gens que vous voyez habillés avec des casquettes blanches qui donnent le départ des trains sur les quais." Il se rappelle avoir connu "des postes d’aiguillage à l’ancienne avec des gros leviers métalliques que vous deviez baisser ou relever" et ces postes-là, indique-t-il, "existent toujours." Alors quand il entend le président de la République dire "que ce n’est plus le chemin de fer que son grand-père a connu dans les années 1950", Bruno Poncet estime que "c’est juste une expression" et dément : "Mes postes d’aiguillage ont plusieurs dizaines d’années. Donc ils n’ont pas changé. Ils changeront un jour effectivement mais aujourd’hui, ils existent toujours."

Autre chose qui n’a pas changé : "Le travail est toujours aussi pénible" confie-t-il. Les cheminots travaillent en majorité selon le rythme des "trois-huit" qui consiste à faire tourner par roulement de huit heures consécutives trois équipes sur un même poste, afin d'assurer un fonctionnement continu sur 24 heures. "En quinze ans de 'trois-huit', j’ai dû faire trois ou quatre Noël en famille et peut-être cinq ou six réveillons de Nouvel An en famille, mais pas la même année." avoue le cheminot.

Son premier salaire en "trois-huit", se remémore-t-il, "en ayant travaillé trois dimanches sur cinq, j’ai touché 1100 euros." Toutefois, avoir un salaire plus bas que dans le privé et travailler les week-end, il le savait, il avait été prévenu. En compensation, "on nous avait dit : 'Vous partirez certainement plus tôt en retraite'." Quand il est arrivé à la SNCF en 2001, "on m’avait dit 55 ans. Mais avec les multiples réformes des retraites qu’on a connues depuis, c’était monté à 58, 60 et même maintenant 62 quasiment." Aujourd’hui, "si je veux toucher une retraite complète sur ce que je gagne, il faut que je monte jusqu’à 42 annuités. Je suis rentré à 28 ans, vous calculez, ça fait 70 ans."

La gratuité du train

Un autre sujet sur lequel il tient à faire des précisions, la gratuité des voyages en train. "Je ne paye pas jusqu’à huit voyages par an de réservations en TGV ou en train à réservation, comme les Intercités. Et au-delà de huit, je paye comme tout le monde une réservation, mais pas le train en lui-même." explique-t-il. "Ça nous permet de voyager gratuitement, mais souvent ce voyage-là se fait dans un contexte professionnel", précise-t-il. 

Enfin, Bruno Poncet tient à faire remarquer qu’il est "fier d’être cheminot" et que ça, "ça ne risque pas d’être altéré tant que cette boîte elle sera unie comme elle peut l’être aujourd’hui."

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