Cet article date de plus de cinq ans.

Vidéo "Avenue de l'Europe" sur la piste de vases volés en Italie et exposés au Louvre

Publié Mis à jour
Durée de la vidéo : 3 min
"Avenue de l'Europe" sur la piste de vases volés en Italie et exposés au Louvre
"Avenue de l'Europe" sur la piste de vases volés en Italie et exposés au Louvre "Avenue de l'Europe" sur la piste de vases volés en Italie et exposés au Louvre (Avenue de l'Europe / France 3)
Article rédigé par France 3
France Télévisions

Dans son numéro d'octobre 2018 consacré au trafic d'objets d'art, le magazine "Avenue de l'Europe" faisait des révélations sur certaines acquisitions controversées du musée du Louvre. Extrait d'un reportage en Italie, dont l'immense patrimoine artistique est la proie des voleurs et des pilleurs de tombes.

De grands musées dans le monde ont acheté des vases antiques volés dans les années 80 et continuent à les exposer : c'est ce que confirme dans "Avenue de l'Europe" ce juge italien qui a enquêté pendant des décennies sur le trafic des œuvres d'art. En Italie, ce trafic était contrôlé par deux hommes : Gianfranco Becchina au sud, et Giacomo Medici au nord.

Un trafiquant d'art lié à la mafia

Becchina vendait directement aux musées, explique le juge Paolo Giorgio Ferri en montrant une photo de ses entrepôts remplis d'antiquités. Becchina, un homme dont les biens, 10 millions d'euros, ont été saisis en 2017 pour ses liens présumés avec le nouveau parrain de la mafia sicilienne. Et les musées n'hésitaient pas à se salir les mains en lui achetant des œuvres volées…

Le trafic d’antiquités est un délit relevant de l'association de malfaiteurs et du blanchiment d'argent et nécessitant une organisation très structurée, rappelle Paolo Giorgio Ferri : "Ce trafic implique des pilleurs de tombes, des transporteurs, des intermédiaires, des restaurateurs d'art, des professeurs d'université qui authentifient les œuvres, des contacts dans les salles des ventes et aux douanes..."

Des œuvres volées exposées au British Museum et au Louvre ?

Et les musées, sont-ils complices ? "Oui. Par le passé, ils ont été complices, sans aucun doute. Ils ont acquis des objets en sachant qu'ils étaient illégaux. On trouve ces œuvres italiennes dans des musées du monde entier : au British Museum de Londres... et au Louvre, on trouve trois vases superbes fournis par Becchina", affirme le juge – qui n'en dira pas plus.

La journaliste Frédérique Maillard-Laudisa s'est rendue au Louvre avec Loïc Lemoigne pour tenter de retrouver ces vases. Leurs références exactes lui ont été fournies par une deuxième source. Dans le dédale des salles de la collection étrusque et grecque, voici Le Départ du guerrier. Un cratère du VIe siècle avant JC, vendu en 1987 au Louvre par Becchina... Et dans une autre vitrine, Le Massacre des prétendants par Ulysse.

L'Italie pourrait demander leur restitution

Contacté, le musée du Louvre reconnaît avoir acheté ces deux vases à Gianfranco Becchina, mais plaide sa bonne foi. "A ce jour, aucune donnée ne nous a été apportée attestant que ces objets proviennent de fouilles illégales", a répondu par écrit la direction du Louvre à Frédérique Maillard-Laudisa. Mais trente ans après l'achat, comment ne pas savoir qui est cet homme : un trafiquant d'art condamné à onze ans de prison.

D'après les informations de Frédérique Maillard-Laudisa, aucun certificat d'exportation d'Italie n'aurait été délivré pour ces œuvres. Selon la justice italienne, toutes les antiquités passées entre les mains de Becchina peuvent être saisies. L’Italie pourrait réclamer leur restitution. Certains musées américains ont déjà restitué celles qu'ils exposaient.

Extrait de "Italie : la chasse aux trésors", un reportage diffusé dans "Avenue de l'Europe" le 17 octobre 2018.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.