Paris vend ses "cadenas d'amour" aux enchères au profit de l'aide aux réfugiés

En toutes lettres, abrégés, en français, en anglais ou idéogrammes, les noms des amoureux y sont gravés, ciselés ou encore peints... Les cadenas qu'aimaient à accrocher les amoureux et touristes du monde entier sur les ponts de Paris depuis une dizaine d'années sont vendus aux enchères samedi 13 mai par la Ville de Paris.

Entre 150 et 200 euros la grappe de "cadenas d'amour"

Réunis par petites "grappes" ou par centaines sur les grilles retirées des ponts parisiens en 2015, ils sont exposés au Crédit Municipal de Paris, dans le Marais. Anne est venue faire des repérages avec son mari. "Celui-là je l'aime bien. Il est énorme, il est rouge, a priori il est écrit en lettres russes", commente la future acheteuse avant de porter son regard sur "une petite tour Eiffel dans laquelle a été attachée plusieurs cadenas", pour elle "un bon souvenir de Paris".

L'organisation de l'exposition qui a précédé la vente n'a pas été une mince affaire. Il a fallu "imaginer comment faire pour vendre des cadenas qui au départ étaient un peu bruts, on les a trouvés dans des grands sacs en vrac, il y en avait des tonnes", explique Mathilde Belcour-Cordelier, commissaire-priseur. Les grilles étaient quant à elles "amoncelées les unes sur les autres et pour beaucoup en mauvais état", poursuit-elle. Sur les dizaines de milliers de cadenas triés, l'équipe n'en a finalement retenu qu'un sur dix. Vendus par lots, ils sont estimés entre 150 et 200 euros.

Un acte solidaire à la clé

Symbole du pont des Arts, les "cadenas d'amour" rappellent aussi des souvenirs aux habitués. "J'ai rencontré des gens qui s'étaient rencontrés sur le pont des Arts, qui se sont déclarés sur le pont des Arts, qui sont revenus pour leur anniversaire de mariage sur le pont des Arts", raconte Bernard. "Ils partagent avec nous ce goût de l'échange, d'un endroit très particulier qui est un peu hors du temps à Paris", poursuit-il.

Bernard souhaite lui se porter acquéreur d'une grille du pont des Arts pour décorer les locaux de son entreprise. Il lui en coûtera de 5 000 à 10 000 euros. Mais cet achat a aussi une dimension sociale, explique-t-il. "Le fait qu'on rende aux associations solidaires me parait très important. Et c'est aussi ma façon de participer à cette valeur". Les bénéfices de la vente, estimés entre 100 000 et 150 000 euros seront en effet reversés à trois associations caritatives, Solipam, l'Armée du Salut et Emmaüs Solidarité notamment mobilisées dans l'accueil et l'accompagnement des réfugiés.