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Festival Visa pour l'image : "Il y a beaucoup plus de photographes sur le terrain, mais leur situation financière s'est dégradée"

Delphine Lelu, directrice adjointe du festival de photojournalisme, revient sur l'évolution du métier depuis sa première édition en 1989.

Article rédigé par Julien Pasqualini
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Delphine Lelu, directrice adjointe du festival Visa pour l'image de Perpignan, le 3 septembre 2018. (JULIEN PASQUALINI / RADIO FRANCE)

La 30e édition du festival de photojournalisme Visa pour l'image se poursuit jusqu'au 16 septembre à Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales. Les reportages de photographes du monde entier sont exposés dans différents lieux de la ville. La photographe française Véronique de Viguerie a remporté samedi le prix le plus prestigieux du festival, le Visa d'or News, pour sa couverture de la guerre au Yémen. C'est la première femme en 20 ans à décrocher ce prix.

Depuis la première édition en 1989, le métier de photojournaliste a beaucoup évolué, avec notamment le passage au numérique. 

"Il y a 30 ans, la photographie était moins accessible à tous, et aujourd'hui avec l'arrivée du numérique il y a beaucoup plus de photographes sur le terrain", assure à franceinfo Delphine Lelu, directrice adjointe du festival, qui fait partie de l'organisation depuis 28 ans. "Mais leur situation financière s'est dégradée", et "c'est plus compliqué" aujourd'hui de vivre correctement de son travail.

franceinfo : Êtes-vous étonnée de la longévité de ce festival ?

Delphine Lelu : Étonnée, non, parce que je trouve ce festival intéressant. Mais la profession évolue, et ce n'est pas toujours simple de maintenir un événement comme celui-ci mais on y met du cœur. Ce qui a évolué, c'est la partie technique, on est passé de l'argentique au numérique. Il y a trente ans, la photographie était moins accessible à tous, et aujourd'hui avec l'arrivée du numérique il y a beaucoup plus de photographes sur le terrain. Mais leur situation financière s'est dégradée. Avant, ils étaient moins nombreux et les magazines avaient plus de financements, donc ils vivaient correctement de leur travail. Aujourd'hui c'est plus compliqué. Et puis avec l'arrivée des médias en ligne, pour lesquels il n'y a pas vraiment de législation, de tarifs fixés, on ne connaît pas vraiment le prix d'une photo publiée sur internet, donc c'est la porte ouverte à plus de difficultés financières. Après, si on veut être riche, il ne faut pas faire ce métier. Cela n'a jamais été un métier qui paie énormément.

Les thèmes présentés dans les expositions ont-ils évolué ?

C'est l'actualité internationale de l'année. Malheureusement l'actualité n'est pas toujours très joyeuse, mais on essaie d'être assez objectifs dans ce qu'on présente. On veut être l'équivalent d'un journal, donc on traite des différents conflits dans le monde, mais aussi des problématiques liées à l'environnement, on essaie également de traiter des sujets sociaux. Il y a des thèmes nouveaux aussi : il y a 30 ans on ne se préoccupait pas du réchauffement climatique, et aujourd'hui c'est une vraie préoccupation et on a des reportages sur ce sujet. Ce n'est pas forcément un festival où l'on voit des photos drôles et joyeuses, mais il y en a aussi. Avec l'exposition d'Olivier Jobard par exemple sur l'histoire de Ghorban, un jeune Afghan qui a migré en France et qui a réussi à s'intégrer, c'est une histoire positive de la migration.

Le public du festival a-t-il changé ?

Les gens qui s'y rendent sont plus nombreux. La première année il y avait 35 000 visiteurs, aujourd'hui on est à plus de 200 000 visiteurs. Ils viennent des quatre coins du monde, et ils ont tous le souhait d'être informés et de rencontrer des gens qui vont sur le terrain pour nous informer au quotidien.

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