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ENTRETIEN. "Le cinéma américain est celui qui est le plus friand de sports", expliquent les auteurs du livre "Sport et Cinéma"

"Sport et Cinéma", le nouveau livre de Gérard et Julien Camy, père et fils, sort jeudi. 

Article rédigé par Paul Péret
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Sylvester Stallone, Michael Caine, Pelé et John Huston lors du tournage de "À nous la victoire". (DR)

Une première livraison de Sport et Cinéma était sortie aux Éditions du Bailli de Suffren en septembre 2016. Le livre faisait alors déjà 458 pages et recensait plus d’un millier de films. Cinq ans plus tard, Gérard et Julien Camy récidivent avec une nouvelle version de leur ouvrage (cette fois aux éditions Amphora) augmentée d’une cinquantaine de pages et encore davantage de films recensés.

Rencontre avec les deux auteurs (père et fils), qui sont de vrais mordus de sport (le père, Gérard, a commencé à lire le quotidien L’Equipe quand il avait 10 ans) mais qui sont aussi des spécialistes du cinéma. Leur univers ne se limite pas à Raging Bull, Les Chariots de feu ou Coup de tête

Franceinfo: sport : Comment faire le tri avec tous les films qui traitent de sport ?

Gérard Camy : En 2016, j’expliquais que notre sélection retenait d’abord des films dont les personnages étaient des sportifs professionnels. Mais il y a des longs métrages qui comportent aussi des séquences fortes. La partie de tennis des quatre protagonistes de Nous irons tous au paradis (Victor Lanoux, Guy Bedos, Claude Brasseur et Jean Rochefort) a fait la légende du film ! Cinq ans plus tard, notre philosophie n’a pas changé…

Julien Camy : À notre liste initiale d’une soixantaine de sports, nous avons tenu compte de l’actualité. Comme le break dance fera son entrée dans le concert olympique en 2024, nous avons cherché et découvert des films. Le cinéma américain est celui qui est le plus friand de sports mais nous avons trouvé une discipline qui fait le bonheur des amateurs des films de « Bollywood » : le kabaddi ! Il a même figuré au programme des Jeux olympiques à Berlin en 1936 (en démonstration). Si vous voulez tout savoir, il faut vous précipiter page 368… On a voulu le plus possible coller aux sorties des films. Cette semaine par exemple sort dans les salles françaises Olga, l’histoire d’une gymnaste ukrainienne tiraillée entre ses rêves d’athlète et le début de la révolution de Maïdan en 2014. Nous avons eu la chance de le voir lors du dernier festival de Cannes en juillet et donc on a pu le chroniquer.

Il y a des scènes et des films qui ne vous laissent pas indifférents…

GC : Evidemment, il y a Rocky (1976) et sa montée des marches à Philadelphie. Aujourd’hui, c’est un lieu de pèlerinage et les fans font des selfies et se filment en train de reproduire la scène du film. Autre scène culte, le discours d’Al Pacino dans L’Enfer du dimanche (1999). Laurent Tillie, l’entraîneur des champions olympiques de volley à Tokyo l’a souvent montrée à ses joueurs pour les motiver. Il faut qu’il se cherche un autre film référence désormais !    

Sport et cinéma, sport et télévision, est-ce incontournable, opposable ?

GC : Jusqu’aux années 1970, le cinéma a mieux filmé le sport que la télévision. Regardez d’un point de vue esthétique ce qu’a fait par exemple Leni Riefenstahl avec son film Olympia-Les Dieux du stade en 1936. Techniquement, elle a inventé plein de choses. Aujourd’hui, une retransmission sportive télévisée ne peut se passer d’un steadycam, mais c’est Rocky qui a lancé cette technologie !

JC : La télévision ne pourra jamais arrêter le temps, le cinéma oui ! Emir Kusturica disait que le cinéma pouvait entrer sur le terrain, pas la télévision. Mais elle s’est bien rattrapée depuis : la cablecam peut tout faire par exemple. Raser la terre battue sur le central de Roland-Garros puis filmer à plus de 30 mètres de hauteur en quelques secondes. D’un autre côté, dans Zidane, un portrait du XXIème siècle, les faits et gestes de Zinedine Zidane étaient suivis en 2005 par 17 caméras haute définition. Mais manque de chance, il a été expulsé avant le coup de sifflet final.

La couverture de "Sport et Cinéma" (Editions Amphora). (DR)

Les Jeux olympiques, c’est aussi un terrain de jeu pour le cinéma et la télévision…

JC : La technologie a fait des bonds de géant ces dernières années. La miniaturisation a aussi beaucoup apporté. Regardez par exemple les images de plongeon : le téléspectateur peut faire des sauts périlleux en même temps que le sportif grâce au travelling vertical.

GC : Mais au cinéma, il y a tous les quatre ans un film retraçant les JO. Surtout pas une rétrospective car les cinéastes n’utilisent pas les images du direct tournées par la télévision. Mais ils ont leur point de vue. C’est l’esthétisme et l’esprit de l’olympiade qui priment, pas nécessairement le vainqueur du 100 mètres ! En 1972 par exemple, Milos Forman, Arthur Penn et John Schlesinger avaient chacun apporté leur regard sur l’événement. On a hâte de voir ce que Naomi Kawase, réalisatrice japonaise lauréate de la Caméra d’or à Cannes (1997), va nous montrer car elle a eu la charge du film officiel des derniers JO de Tokyo.

Parmi tous les films (plus de 1600) que vous avez réunis dans votre ouvrage, quels sont vos incontournables ?

JC : Sans aucun ordre de priorité, je citerai Requiem pour un champion (1962) avec Cassius Clay, On The Edge (1986) sur la course à pied, Coureur (2018), un film sur le cyclisme sorti en Belgique mais pas en France, la série des Rocky et He Got Game (1998) de Spike Lee sur le basket aux Etats-Unis.

GC : Je démarrerai par un film muet, College (1927), avec Buster Keaton qui s’essaie à une multitude de disciplines, Looking for Eric (2009) qui respire le football avec sa dimension essentielle en plein cœur de l’Angleterre avec Eric Cantona, L’Enfer du Dimanche (1999) et son discours qui me hérisse toujours les poils plus de 20 ans après, Le Stratège (2011) avec Brad Pitt et l’univers du baseball et enfin Foxcatcher (2014) avec Steve Carrell, nommé aux Oscars pour son rôle de philanthrope de la lutte.

Et pour finir, vos "nanars" ?

GC : On ne va pas se faire des amis ! J’ai une tendresse pour The Magnificent Eleven (2013) qui raconte l’histoire de onze mercenaires qui vont tenter de redresser une équipe de football amateur en Angleterre et pour Le Führer en folie (1973) de Philippe Clair avec… Michel Galabru et Alice Sapritch ! Un bijou.

JC : Pour moi Les Fous du Stade (1972), l’un des premiers films des Charlots qui s’initient (!) à différents sports, mention spéciale aussi pour Atlanta Boogie (1996), un film japonais avec la participation d’un certain Ben Johnson qui court à nouveau un 100 m dans le même temps (9''79) que celui des JO de Séoul… Pour finir, Dodge Ball, Même pas mal (2004), sur une discipline improbable… le ballon prisonnier.

Titre : Sport et Cinéma
Auteurs : Gérard et Julien Camy
Editeur : Amphora
Format : 23,8 cm x 30,8 cm (512 pages)
Prix : 49€95

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