: Reportage Ils "traquent les ondes" des forces ennemies : immersion au sein du 54e régiment de transmission de l'armée de terre, mis à l'honneur ce 14-Juillet
On les appelle les "traqueurs d'ondes" et leur mission est de déterminer les positions des ennemis de l'armée française, écouter leur communication et déterminer qui ils sont. Dans l'immense camp d’Oberhoffen, en Alsace, le sergent Flavien et ses troupes s'entraînent, allongés sur un lit de feuilles mortes, caché par quelques branchages jetés en guise de toit.
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"Moi, j'opère sur un matériel qui permet de faire de l'interception, vraiment de l'écoute, du suivi des ondes pour vraiment pouvoir suivre au mieux les conversations ennemies, explique le sergent, dont la mission aujourd'hui est de surveiller les échanges radio de l'adversaire. Donc là, par exemple, on a un indicatif et pour nous c'est très intéressant. On va essayer de remonter de manière schématique le réseau adverse, savoir quel ennemi est plutôt une position de chef, lequel est plutôt un subordonné."
Allongé à ses côtés, le caporal Loïc, qui scrute son ordinateur portable. "Vous ne pouvez pas la voir d'ici, mais là-bas, il y a une antenne. Chaque fois que l'ennemi va émettre, mon antenne va calculer la trajectoire, et va m'indiquer où elles se situent."
De l'écoute... à l'action
Ce matériel permet de localiser précisément les émetteurs de l'ennemi et donc les personnes qui s'en servent, notamment les chefs adverses. Des renseignements qui serviront éventuellement à cibler ces chefs ou ces unités. Parce qu'outre le recueil d'informations, les "traqueurs d'ondes" du 54ᵉ peuvent aussi passer à l'offensive, détaille le lieutenant Yassine.
"Pour appuyer un assaut, par exemple, on est en mesure également de brouiller les communications et ça pourrait désorganiser l'ennemi dans sa manœuvre qui pourrait plus communiquer avec ses supérieurs ses inférieurs. On peut également brouiller typiquement les GPS de manière à traiter un peu tout le spectre électromagnétique et d'être capable d'avoir une action offensive là-dessus."
Un "jeu du chat et de la souris" avec l'ennemi
Les explications s'arrêtent là. Les soldats doivent rester discrets sur leurs opérations et leur technique. En matière de guerre, de l'ombre et de renseignement, toute information qui fuite est bonne à prendre pour l'adversaire. "Je ne rentrerai pas dans le détail de toutes nos capacités puisque derrière, nos adversaires prennent les mesures qui vont bien pour se prémunir de nos actions", explique le colonel Damien Lemadec, qui commande le régiment. "C'est toujours le jeu du chat et de la souris pour rechercher l'information pertinente. Ce qui nous intéresse, c'est de déceler du système, quel qu'il soit, dont du radar et bien sûr de le localiser."
C'est d'ailleurs en localisant de cette manière les commandants de certaines unités que l'armée ukrainienne a réussi à neutraliser une bonne dizaine de généraux russes depuis le début de la guerre.
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