MeToo des armées : "Les victimes sont probablement insuffisamment protégées", concède le contrôleur général des Armées qui annonce "entre 40 et 50 sanctions" en 2023

Le contrôleur des Armées, Thibault de Laforcade, également patron de la cellule Thémis créée pour signaler notamment des faits de violences sexuelles au sein de l'armée, assure que 700 personnes ont contacté la plateforme, 59 enquêtes ont été menées et une cinquantaine de sanctions ont été prononcées.
Article rédigé par franceinfo
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Illustration du bureau du Ministère des Armées a Paris. (FELIX LEBELLE / HANS LUCAS via AFP)

"Les victimes sont probablement insuffisamment protégées" au sein des armées, a concédé Thibault de Laforcade, le patron de la plateforme Thémis et contrôleur des Armées, interrogé jeudi 4 avril, sur France Inter.

En 2014, ce sont les révélations du livre écrit par deux journalistes sur la gestion déplorable des cas d'agressions sexuelles dans l'armée s’intitulant "La guerre invisible" qui avaitent poussé le ministre Jean-Yves Le Drian a créer la cellule Thémis, chargée de recueillir les témoignages des victimes et de veiller à l'application de sanctions. Dix ans plus tard, les cas d’agressions sexuelles au sein de l'armée, une des plus féminisée au monde, semble perdurer. "Entre 40 et 50 sanctions" ont été prises l’année dernière, a révélé le contrôleur des Armées. 

Le journal Le Courrier de l'Ouest a révélé le mois dernier qu'une ancienne militaire de la Marine nationale, Manon Dubois, a été victime de violences sexuelles à plusieurs reprises de la part d'un même militaire qui, au final, a été sanctionné de dix jours d'arrêt, mais a évité toute poursuite judiciaire. franceinfo avait également recueilli son témoignage. Alors est-ce un problème systémique au sein de l’institution ? Thibault de Laforcade réfute cette idée : "Pour une raison toute simple. Tout ce qui est violence sexuelle et sexiste, voire le racisme, tout ce qui est discrimination, porte tout simplement atteinte à ce qui fait la cohésion de l'institution militaire, à ce qui constitue sa fraternité d'armes, c'est-à-dire l'essence même de nos armées et le garant de son efficacité opérationnelle", a-t-il argumenté.

L'armée peut mieux faire

L’année dernière, 700 personnes ont contacté la plateforme Thémis, dont 200 environ pour des faits de harcèlement ou violences sexuelles. "59 enquêtes à la demande des plaignants" ont été menées, précise le contrôleur des Armées. "Entre un tiers et la moitié des cas donnent lieu à des sanctions", explique-t-il. "Dans les autres cas, on n'arrive pas à prouver la matérialité des faits." 

"C'est souvent parole contre parole"

Thibault de Laforcade, contrôleur des Armées

à France Inter

"La cellule Thémis a été mise justement en place pour pouvoir recueillir tous ces signalements qui ne remonteraient pas par le biais normal de la chaîne hiérarchique et pour permettre aux victimes de s'exprimer", rappelle le contrôleur des Armées. Pour autant, Thibault de Laforcade admet que l’armée peut améliorer la protection des victimes. Au départ, Thémis a été mise en place pour "garantir en fait qu'elles peuvent faire remonter les cas dont elles ont été victimes et les signalements" sans "conséquences néfastes sur leur déroulé de carrière", affirme-t-il.

L'agresseur de Manon Dubois, lui, a finalement été condamné à 600 euros de dommages et intérêts et une obligation de suivre un stage de lutte contre le sexisme et les violences faites aux femmes.

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