Ce qu'il faut retenir du discours d'Emmanuel Macron aux forces de l'ordre
Devant 500 invités ; préf– chefs des services territoriaux de la police et de la gendarmerie, directeurs généraux du ministère de l'Intérieurets –, le chef de l'Etat a décliné sa feuille de route pour le quinquennat en matière de sécurité.
Emmanuel Macron s'est adressé aux forces de l'ordre. Mercredi 18 octobre, soit deux semaines avant l'entrée en vigueur de la loi sur le renfort de la sécurité intérieure, inscrivant dans le droit commun l'état d'urgence en vigueur depuis novembre 2015, le président de la République a détaillé les ambitions de sa politique en matière de sécurité.
Lutte contre le terrorisme et la radicalisation, amélioration du renseignement... Dans un long discours, le chef de l'Etat a alterné entre annonces et confirmations.
Une police de sécurité du quotidien créée
Dans son discours, le président a évoqué les grandes lignes de ce que sera la "police de sécurité du quotidien", l'une de ses principales promesses de campagne. Destinée à restaurer la confiance entre les forces de sécurité et la population, fragilisée par des accusations de violences policières et une série d'agressions de policiers, le tout dans un contexte de forte menace terroriste, ce dispositif fera l'objet d'une concertation, à partir de lundi et jusqu'à la fin de l'année avant d'être expérimenté au premier trimestre 2018 dans une quinzaine de zones, urbaines comme rurales. Une trentaine de villes sont d'ores et déjà candidates.
Il ne s'agit pas "de remettre une police de proximité avec des postes de police statiques dans les quartiers, ce n'est pas, comme on l'a parfois dénoncé, aller jouer au foot avec les jeunes, c'est exercer votre métier de policier", a déclaré Emmanuel Macron, quatorze ans après la suppression par Nicolas Sarkozy de la police de proximité mise en place par Lionel Jospin en 1998.
Elle "vise à replacer le service du citoyen au cœur du métier de gendarme et de policier", notamment pour "lutter contre les délits, les nuisances, les incivilités ressenties au quotidien". Emmanuel Macron a précisé que cette réforme serait menée "concomitamment avec celle de la procédure pénale", avec "la forfaitisation de certains délits". Il s'agit de "retisser avec les associations, les élus locaux des formes d'actions rénovées", a-t-il ajouté.
Les caméras-piétons étendues
"Je souhaite aussi que les dispositifs de 'caméra-piéton' puissent être étendus", a ajouté le chef de l'Etat. Ce dispositif, accroché sur le torse des agents, est testé dans de nombreuses communes. Il a pour mission "'d’apaiser' les relations entre les forces de l’ordre et la population et de se substituer au récépissé de contrôle d’identité, engagement de campagne abandonné de François Hollande", écrivait Libération en mars.
La procédure judiciaire modernisée
Evoquant notamment la possibilité de déposer une plainte à distance, Emmanuel Macron a évoqué la modernisation de la procédure judiciaire, "à l'heure du smartphone et d'internet".
Un plan de déradicalisation mis en place
Le président a par ailleurs annoncé pour décembre un nouveau plan contre la radicalisation, qui dressera notamment une "liste des territoires" qui feront l'objet d'une surveillance spécifique. "L’exigence de nos concitoyens est devenue croissante", l'existence d'une "menace terroriste durablement élevée" avec treize attentats déjoués depuis le début de l'année.
Dix mille policiers vont être embauchés en cinq ans et 1 870 militaires seront recrutés dès 2018, a-t-il par ailleurs promis.
Le renseignement amélioré
Emmanuel Macron a expliqué vouloir améliorer le recueil et l'exploitation du renseignement. "Sept décrets ont été publiés en août" en ce sens, a-t-il rappelé.
Une conférence sur la lutte contre le financement du terrorisme en avril
"Nous sommes aujourd'hui trop lents à apporter une réponse adaptée à la menace" contre le terrorisme à l'échelle européenne, a enfin estimé Emmanuel Macron. Le président a ainsi annoncé la tenue, en avril 2018, d'une conférence de lutte contre le financement du terrorisme liée aux activités du groupe terroriste Etat islamique et d'Al-Qaïda.
Les reconduites à la frontière vont augmenter
Au nom du principe de responsabilité, le président a de nouveau justifié le limogeage du préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes après l'attentat à la gare Saint-Charles de Marseille. Des "dysfonctionnements" avaient conduit à la remise en liberté du tueur, un Tunisien en situation irrégulière, la veille de l'attaque. Le président a ainsi réaffirmé que l'Etat reconduirait "de manière intraitable" les étrangers n'ayant "pas de titre" de séjour.
En contrepartie, la France doit accueillir "de manière exigeante et conforme à nos valeurs" les réfugiés et personnes en règle, a-t-il expliqué. "Nous accueillons mal, nous avons des procédures trop longues, nous intégrons approximativement et nous ne reconduisons plus", a-t-il affirmé, tout en reprenant la formule de l'ancien Premier ministre Michel Rocard pour qui "tout en prenant notre part, nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde".
Les agents mieux pris en charge psychologiquement
Affirmant avoir "entendu le malaise" exprimé dans la police depuis l'attaque de Viry-Châtillon (Essonne), il y a un peu plus d'un an, et dans laquelle deux policiers avaient été grièvement blessés, Emmanuel Macron a consacré une partie de son discours au mal-être des forces de l'ordre. Il a ainsi insisté sur la nécessité de prévenir les suicides chez les policiers et militaires, plaidant pour un renforcement de leur accompagnement psychologique.
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