Avec AsterX, l'armée française simule une défense spatiale, une "préoccupation majeure"
Des satellites "peuvent avoir des armes à bord", explique le commandant de l'espace le général Michel Friedling, commandant de l’espace alors que depuis lundi, la France s'entraîne à la guerre spatiale.
Le général Michel Friedling, commandant de l’espace, explique vendredi 12 mars sur franceinfo que l’espace est une "préoccupation majeure" de l’armée française parce que certains satellites "peuvent avoir des applications militaires ou des armes à bord". Depuis lundi, la France s’entraîne à la guerre spatiale à Toulouse. Emmanuel Macron se rend vendredi sur place pour observer cette opération, cette simulation d'attaque spatiale nommée AsterX.
franceinfo : Quel est l’objectif de cet exercice ?
Général Michel Friedling : L'objectif n'est pas tellement de simuler une attaque spatiale. L'objectif, c'est d'abord d'entraîner nos unités spatiales, les unités du commandement. C'est aussi de mettre en œuvre tous nos processus opérationnels internes au commandement de l'espace, mais aussi avec tous nos partenaires extérieurs parce que nous en avons beaucoup. C'est aussi d'éprouver les systèmes que nous mettons en œuvre afin de préparer la montée en gamme de notre commandement, parce que nous avons des objectifs ambitieux et qui nous ont été fixés dans une stratégie qui a été demandée par le président de la République et élaborée sous la direction de la ministre des Armées, madame Parly.
Concrètement, comment l’armée française peut-elle se défendre dans l’espace ?
La première chose, c'est d'abord de se rendre compte que nous sommes menacés. C'est déjà toute la difficulté de la chose parce que l’espace est vaste qu'il y a de plus en plus de satellites actifs, mais aussi de débris, et que c'est une nouveauté, les satellites qui sont dans l'espace ne se contentent plus de tourner autour de la planète très sagement sur des orbites keplériennes, c'est-à-dire très prédictives. Les satellites se déplacent dans l'espace, changent de plans d’orbite, changent d'altitude, peuvent se rapprocher d'autres satellites. En soi, cela constitue déjà un sujet de préoccupation majeure parce que certains d'entre-eux peuvent avoir des applications militaires ou des armes à bord. En 2017, un satellite-espion russe s'était approché d'un satellite militaire franco-italien.
Comment peut-on réagir à ce cas précis ?
C’est un cas concret qui a été révélé par la ministre des Armées en 2017. C'est le genre de situations auxquelles nous sommes confrontés dans l'espace. Il y a des pays qui ont expérimenté des missiles antisatellites tirés depuis le sol, qui sont capables de détruire des satellites en orbite basse entre 400 et 1 500 km. Donc, c'est une autre forme de menace. Mais il y en a d'autres. Il peut y avoir des menaces cybernétiques.
"Il peut y avoir des menaces par des satellites qui ont l'apparence de satellites civils, mais qui, en réalité, peuvent avoir des applications militaires, donc des armes à énergie dirigée."
Le général Michel Friedling, commandant de l’espaceà franceinfo
On peut parler de lasers. On peut parler également de bras robotique qui peuvent attraper un satellite et l'entraîner en dérive ou qui peuvent arracher un panneau solaire. Toutes sortes de choses qui sont extrêmement dangereuses.
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