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"On ne peut pas encore attendre une loi qui n'arrive jamais" : le maire breton qui refuse les pesticides dans sa commune se justifie

Daniel Cueff, un maire breton, est convoqué ce jeudi 22 août devant la justice pour avoir pris un arrêté anti pesticide dans sa commune en mai dernier. Pour lui, c'est une question de santé publique.

Article rédigé par franceinfo - avec Justine Leclercq
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Daniel Cueff, maire de Langouët. (JUSTINE LECLERCQ / RADIO FRANCE)

Le 18 mai dernier, le maire de Langouët, une petite commune située au nord de Rennes (Ille-et-Vilaine) a décidé d’interdire aux agriculteurs l’utilisation de pesticides dans un rayon de 150 mètres autour des habitations. "C'est une action qui a été voulue au départ par le mouvement national des Coquelicots qui a rejoint une association nationale qui s'appelle Les pisseurs involontaires de glyphosate, explique Daniel Cueff. Ils ont fait une opération où, devant huissier, il y a eu un prélèvement d'urine." "Ces analyses, poursuit l'édile, font apparaître des taux de glyphosate anormalement élevés. Normalement c'est 0,1 et on a 15, 20, 30 fois plus que cette norme dans les urines. Conscient de tout cela, on ne peut pas encore attendre une loi qui est toujours espérée, qui n'arrive jamais."

"Si cet arrêté passe, c'est une perte de rendement pour nous"

Pour le maire breton, il s'agit donc d'une question de santé publique. Mais pour Benoît Morel, l’un des cinq agriculteurs implantés à Langouët, c’est un coup dur. "Si cet arrêté passe, c'est une perte de rendement pour nous. On ne peut plus traiter donc on ne peut plus intervenir si la plante est malade. Si demain j'ai une baisse de 30% de mes rendements, je ne pourrais pas tenir", affirme-t-il, ajoutant donc vivre "très mal", la décision du maire à qui il reproche de ne pas être venu échanger d'abord avec les agriculteurs sur leurs pratiques. "Par rapport à mes parents, j'ai diminué mes produits de trois-quarts", dit-il.

Benoît Morel, l’un des cinq agriculteurs implantés à Langouët, le 21 août 2019. (JUSTINE LECLERCQ /RADIOFRANCE)

Quand j'interviens, c'est l'équivalent d'une canette [de pesticides] diluée dans 150 litres d'eau sur 10 000 m2.

Un agriculteur de Langouët

à franceinfo

Quelques maisons plus loin, Goulvène et Hélène se réjouissent de la décision du maire. Le couple fait partie du comité de soutien de Daniel Cueff. "Comme les décisions ne se prennent pas plus haut, c'est important de le faire. L'OMS a bien dit que le glyphosate et beaucoup de pesticides de synthèse étaient cancérigènes probables. Ca me rassure".

La commune de Langouët, au nord de Rennes, en Ille-et-Vilaine. (JUSTINE LECLERCQ / RADIO FRANCE)

La préfète d’Ille-et-Vilaine estime que ce n’est pas au maire de Langouët d’interdire les pesticides mais au ministre de l’Agriculture de se prononcer. Une dizaine d’autres maires en France ont déjà pris des arrêtés anti-pesticides retoqués par les tribunaux administratifs.

Le reportage à Langouët de Justine Leclercq.

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