Cet article date de plus de six ans.

"On a déjà assez de suicides, il ne faudrait pas que cet épisode de sécheresse vienne aggraver les choses" : l'inquiétude des Jeunes agriculteurs

Baptiste Gatouillat, vice-président des Jeunes agriculteurs, s'inquiète sur franceinfo des conséquences de la sécheresse et demande des aides au gouvernement.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La sécheresse affecte aussi les terres agricoles. (THIERRY ZOCCOLAN / AFP)

"On a déjà assez de suicides dans le monde agricole et il ne faudrait pas que cet épisode de sécheresse vienne encore aggraver les choses", alerte le vice-président des Jeunes agriculteurs et céréalier dans l'Aube, Baptiste Gatouillat, invité de franceinfo vendredi 26 octobre. "Les discours, on en a eu beaucoup mais là, les agriculteurs n’ont plus le temps d’attendre", prévient-il alors que la sécheresse frappe une cinquantaine de départements français et que de nombreux éleveurs manquent déjà de fourrage pour nourrir leurs bêtes.

franceinfo : La situation est-elle particulièrement critique ?

Baptiste Gatouillat : Oui, on connaît un épisode de sécheresse très rare en intensité et surtout en longueur. Depuis fin juin ou début juillet, de nombreux secteurs n’ont pas pris une goutte d’eau, ce qui a empêché la pousse de l’herbe et donc les éleveurs ont dû prendre l’alimentation qu’ils devaient donner cet hiver aux animaux. C’est une vraie problématique parce que ça peut arriver de temps en temps, sur une période de trois semaines, mais là, l’ampleur est exceptionnelle. 

Est-ce que le ministre de l’Agriculture vous rassure ?

Je ne sais pas, on va attendre d’avoir les plans dans le détail. On est toujours méfiants avec les effets d’annonce. Ce que l’on souhaite vraiment, c’est qu’à situation exceptionnelle, il y ait des mesures exceptionnelles. Il y a des choses qui existent lorsqu’il y a des aléas climatiques, on a notamment un fonds de calamité qui existe mais il y a des critères pour y avoir droit, pour être indemnisé sur ses pertes de récoltes, avoir de la trésorerie pour acheter du fourrage ou de l’aliment. Mais ces critères sont assez complexes, difficiles à estimer pour les exploitants et les démarches sont très longues. Donc déjà, l'État pourrait accélérer les procédures et assouplir ses critères pour permettre au plus grand nombre d’y avoir accès.

Qu’est-ce que vous demandez en priorité ?

Ce que l’on va demander surtout, c’est de la rapidité d’action. Les mesures c’est bien de les prendre mais il faut surtout qu’elles soient rapides parce que ceux qui ont entamé leur stock pour l’hiver, à partir de janvier ou février, ils n’auront plus rien à faire manger à leurs bêtes.
Les éleveurs ont vraiment besoin de concret. Les discours, on en a eu beaucoup mais là les agriculteurs n’ont plus le temps d’attendre. Il y a des agriculteurs qui vendent leurs bêtes parce qu’ils sont sûrs qu’elles n’auront pas à manger. C’est comme si vous vendiez votre voiture pour aller travailler : vous vendez votre outil de travail donc derrière vous n’avez pas de revenus. Et on peut craindre des drames avec des personnes qui ne sont pas bien accompagnées, qui ont une situation financière difficile. On a déjà assez de suicides dans le monde agricole, il ne faudrait pas que cet épisode de sécheresse vienne encore aggraver les choses. Je pense que le ministre l’a bien compris, on va avoir l’occasion de le rencontrer rapidement.

Consultez lamétéo
avec
voir les prévisions

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.