Marges, coûts de production, transparence... Le prix des fruits et légumes bio au cœur d'une polémique entre l'UFC-Que choisir et la grande distribution
Après la publication d'une étude de l'UFC-Que choisir qui assure que les marges sont trop élévées dans la grande distribution, les supermarchés répondent. Selon eux, les coûts de production sont en cause.
Des produits bio beaucoup trop chers ? Selon l'UFC-Que choisir, les marges brutes de la grande distribution sur le bio sont 75% plus élevées que sur les productions conventionnelles. Dans une étude publiée jeudi 22 août, l'association de consommateurs a comparé pendant un an les prix des 24 fruits et légumes les plus consommés en France.
L'UFC-Que choisir dénonce des "sur-marges" sur les fruits et légumes bio dans la grande distribution, qui "matraque les consommateurs". L'association conseille aux consommateurs de préférer les magasins spécialisés bio plutôt que les grandes enseignes de la distribution, accusées de s'enrichir sur les produits les plus vendus.
L'UFC-Que choisir pointe les marges des distributeurs
Si les prix des fruits et légumes bio peuvent s'envoler dans les rayons des supermarchés, c'est à cause des marges des distributeurs selon l'UFC-Que choisir. "La grande distribution aime bien marger à l'ombre", accuse Alain Bazot, le président de l'association, jeudi sur franceinfo. Il prend l'exemple d'un kilo de pommes où la marge est de près de 90 centimes en agriculture conventionnelle, contre 2,20 euros quand il s'agit d'une pomme bio. "On ne voit pas ce qui justifie que la grande distribution se gave de marge au passage", dénonce-t-il.
Cette différence de tarifs relevée par UFC-Que choisir interroge aussi Stéphanie Pageot, la secrétaire nationale de la Fédération nationale d'agriculture biologique. "On fait de l'agriculture biologique pour apporter des produits de meilleure qualité, l'idée n'est pas que les intermédiaires margent énormément pour que ces produits deviennent inaccessibles". Selon elle, la production en agriculture biologique est 1,6 fois plus cher, "mais on finit par contre par une marge de 2,4 fois plus élevée", dans les rayons.
La grande distribution met en avant le surcoût du bio
Du côté de la grande distribution, on balaie l'étude de l'UFC-Que choisir qui "ne repose sur rien". Jacques Creyssel, le président de la Fédération du commerce et de la distribution, conteste formellement les chiffres de Que choisir et dénonce sur franceinfo "des affabulations". D'après lui, l'étude confond marge brute et de marge nette. "La réalité c'est qu'en moyenne les marges sur les produits bio sont en pourcentage inférieur aux marges sur les produits conventionnels", affirme-t-il.
Le coût de production des produits bio est mis en avant par Jacques Creyssel pour justifier les prix plus chers. "Les prix d'achat sont plus élevés, tout comme les coûts de vente. Ceci est totalement compris par le consommateur qui est prêt à payer plus cher", assure-t-il.
La secrétaire nationale de la Fédération nationale d'agriculture biologique confirme que les coûts de production sont plus élevés, mais elle met en avant les magasins spécialisés dans le bio. Ils sont moins chers de 19% sur les fruits et légumes que les grandes enseignes, relève l'étude d'UFC-Que choisir. "C'est bien qu'il y a un mode d'organisation qui réussit mieux, affirme Stéphanie Pageot. Il faut qu'on avance, y compris avec la grande distribution".
L'Observatoire des prix ne permet pas de trancher
Producteurs, associations et grande distribution se retrouvent sur un point : ils demandent à l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires de se pencher sur la question. Dans le rapport 2018 de cet organisme, rattaché au ministère de l'Agrticulture et de l'Agroalimentaire, les prix de la viande, des produits laitiers, du pain ou encore de la pêche sont passés à la loupe, mais pas le bio.
L'UFC-Que choisir demande à l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires de publier les niveaux de marges par enseigne et par rayon, histoire de montrer du doigt les plus gourmands. Une étude sur les produits bio est lancée depuis trois mois par l'Observatoire, rétorque Jacques Creyssel.
"J'espère que cette enquête va pousser le gouvernement et l'ensemble des acteurs à se mettre autour de la table pour réellement donner des chiffres sur les prix pratiqués, conclut Stéphanie Pageot. On ne peut pas continuer comme ça". Elle prend l'exemple du commerce équitable où la loi française impose plus de transparence sur les marges des distributeurs.
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