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Les éleveurs irlandais se préparent à un Brexit sans accord : "Je ne pense pas que les affaires seront bonnes cette année"

Le Brexit se rapproche, et pourrait en théorie intervenir à la fin du mois d'octobre. En cas de "no deal", les conséquences pourraient être désastreuses pour les éleveurs Irlandais, qui commencent déjà à se préparer au pire.

Article rédigé par franceinfo - Emeline Vin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des vaches dans un champ en Irlande (Illustration). (GARDEL BERTRAND / HEMIS.FR)

"Vous ne pouvez pas prévoir ce qui n’est pas encore arrivé, mais je ne pense pas que les affaires seront bonnes cette année." Dans l’ouest de l’Irlande, John Clarke élève des bœufs shorthorn, une race à viande à la robe marron chocolat. Il n’exporte pas directement ses bêtes, mais il s’attend à des années compliquées, une fois le Brexit achevé.

Le Brexit devrait intervenir à la fin du mois d'octobre, en théorie du moins. L'Irlande pourrait payer les conséquences au prix fort avec le risque d’un retour de la frontière sur l’île. Une perspective qui est loin d'enchanter John Clarke : "Tous les agriculteurs vont être affectés. Les droits de douane vont se répercuter sur les producteurs, donc au final, nos prix vont baisser. Les gens prennent leurs précautions."

Un agriculteur sur trois mettra la clef sous la porte en cas de Brexit

Le Royaume-Uni représente la moitié des exportations bovines de l’Irlande. En cas de "no deal" et de retour des droits de douane, c’est un secteur entier qui risque de s’effondrer. Alors, l'agriculteur de 50 ans a déjà pris ses dispositions : "J’investis moins ! J’ai déjà vendu tous les animaux que je voulais vendre. Habituellement, j’attends les ventes de fin d’année, mais là je m’y suis pris plus tôt, pour m’assurer une rentrée d’argent et me couvrir si besoin." 
  
À la mi-septembre, la Banque centrale irlandaise a indiqué qu’en cas de Brexit sans accord, un agriculteur sur trois devrait mettre la clé sous la porte. Edmund Phelan dirige l’association des éleveurs ovins et bovins, et au quotidien il entend les inquiétudes des fermiers : "Depuis 700 ans, nous n'avons pas toujours eu de très bonnes relations avec le Royaume-Uni, mais ça a toujours été notre principal partenaire commercial. Ils aiment nos produits. Les droits de douane, ça va rendre tout ça très compliqué."

L'éventualité d'un marché européen inondé par la viande irlandaise

Les producteurs de viande bovine sont plus vulnérables que les éleveurs laitiers car la viande se conserve moins longtemps. Mais selon le président de l'association, les agriculteurs ne peuvent de toute façon pas vraiment se préparer au Brexit : "On revend notre viande à des centrales, et le danger c'est qu'il n'y ait plus de marché pour l'exporter. Les rayons européens vont être inondés de viande irlandaise. Ça va faire chuter le prix pour tous les agriculteurs européens. Si le Royaume-Uni accepte l'accord du 'backstop' et l'idée d'une zone économique pour toute l'Irlande, alors on pourra voir le bout du tunnel."

Si les prix baissent en Irlande, c’est tout le bœuf européen qui pourrait chuter. Les agriculteurs de l’île espèrent qu’à défaut de l’annulation du Brexit, l’Union européenne les aidera financièrement à garder leur activité. 

Le reportage d'Emeline Vin

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