Le retour du gel, "une période de tous les dangers pour l'ensemble des vignobles français", s'inquiète une association professionnelle
Les viticulteurs vont planter des "cierges" au sens propre puiqu'ils vont utiliser des bougies pour protéger les vignes de la vague de froid qui s'abat sur la France. Mais la technique est coûteuse en temps et en argent.
"On est dans une période de tous les dangers pour l'ensemble des vignobles français", a déclaré mardi 6 avril sur franceinfo Jean-Marie Fabre, président de la Confédération des vignerons indépendants de France. Face au gel qui touche une bonne partie de la France, "les nuits d'inquiétude vont se succéder malheureusement pour les jours, peut-être même pour les semaines à venir", craint le vigneron. Il détaille les solutions techniques qui vont être déployées pour protéger les bourgeons mais rappelle qu'elles "ne viennent protéger qu'une partie des vignobles, à cause de contraintes techniques et financières non-négligeables".
franceinfo : Cet épisode de froid qui débute est inquiétant pour les vignobles ?
Jean-Marie Fabre : Oui, je crois que l'on est dans une période de tous les dangers pour l'ensemble des vignobles français. Les nuits d'inquiétude vont se succéder malheureusement pour les jours, peut-être même pour les semaines à venir. L'inquiétude, c'est surtout que les bourgeons soient gelés. La sève est gorgée d'eau et les bourgeons à cette époque-là sont gorgés d'eau, donc si les températures descendent en dessous de moins 2, moins 3, c'est la totalité du bourgeon qui va sécher et donc potentiellement toute ou partie de la récolte à venir qui sera condamnée, selon l'importance du gel.
Que pouvez-vous faire concrètement contre le gel ?
De tout temps, l'agriculture, et la viticulture en particulier, compose avec la météo, elle n'a pas le choix. C'est un paramètre incontournable. Jusqu'aux fameux Saints de glace à la mi-mai, je crois qu'il faut observer, écouter les prévisions et surtout croiser les doigts. Ensuite, des techniques nous permettent heureusement de maîtriser la température au ras des souches, mais elles sont génératrices de beaucoup d'énergie humaine, de temps, de moyens. Des bougies peuvent notamment être positionnées dans l'ensemble des parcelles les plus gélives, on peut aussi utiliser des ventilateurs ou des chaufferettes, parfois même de l'aspersion. Des techniques existent, mais elles ne viennent compenser ou protéger qu'une partie malheureusement des vignobles, à cause des contraintes techniques et financières non-négligeables.
Quand vous parlez de bougies, on imagine que ce ne sont pas des cierges mais un dispositif technique qui est réservé aux professionnels ?
Effectivement, ce ne sont pas des cierges, mais ça y ressemble. Ce sont des bougies de cire naturelle, mais qu'il faut positionner tous les cinq mètres dans une parcelle. Quand un vigneron indépendant a 5 ou 20 hectares potentiellement gélives, ça veut dire des heures et des heures en amont pour protéger les parcelles, des heures au tout début de la nuit et en fin de nuit pour aller allumer ces bougies et générer une température la plus chaude possible, pour éviter ces températures négatives.
Le gel a-t-il souvent touché les domaines viticoles ces dernières années ?
Oui, malheureusement. 2017 avait été un épisode de gelée terrible en France, tous les vignerons français avaient été touchés, plus de 30 % de la production française avait été impactée, ce qui est énorme. Le gel nous a touchés en 2019 aussi, en 2020 bien évidemment. Et dans cette période où la crise sanitaire a engendré des déficits et des difficultés importantes dans nos entreprises, voir arriver ces contraintes climatiques est une difficulté supplémentaire. Il faut faire face et la résilience dans nos vignobles est importante.
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