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La difficile année 2013 des agriculteurs

Très attendue, la publication des chiffres prévisionnels des revenus des agriculteurs révèle une importante chute. Sur l'année 2013, le revenu avant impôts des agriculteurs devrait reculer de 18,7% par rapport à 2012. Les céréaliers sont les plus touchés, alors que la situation des éleveurs reste la plus difficile. La FNSEA, principal syndicat agricole, a déjà contesté la crédibilité des chiffres. 
Article rédigé par Lucas Roxo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Franceinfo (Franceinfo)

A peine publiés, déjà contestés. Les résultats prévisionnels du ministère de l'Agriculture sur le revenu 2013 des agriculteurs, très attendus, ont été déjà été remis en cause par le FNSEA. De plus, des craintes surgissent quant aux risques de tensions entre céréaliers et éleveurs, après les différentes annonces de redistribution des aides de la PAC. 

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Car l'année 2013 marque un tournant : dans un contexte difficile pour les agriculteurs, marqué par un retournement des cours internationaux des matières premières agricoles, les agriculteurs voient leur revenu baisser, après trois années "record". 

Une baisse de 18,7% par rapport à 2012

Le revenu avant impôts des agriculteurs français en 2013 devrait ainsi s'établir à 29.400 euros en moyenne, en baisse de 18,7% par rapport au record de l'année dernière (36.100 euros), et de 15% par rapport à la moyenne des trois dernières années, historiquement élevées.

"L'année 2013 est marquée par un retournement des cours internationaux des matières premières agricoles et celui consécutif des prix français des céréales, oléagineux et des protéagineux ", auxquels se sont ajoutées des conditions climatiques difficiles, commente le service statistique du ministère de l'Agriculture.

Les revenus des céréaliers chutent

C'est le revenu des céréaliers qui est le plus touché : -57,3% à 24.200 euros en moyenne. Il est pour la première fois inférieur à la moyenne de l'ensemble des exploitations françaises. Une chute qui a d'autant plus marqué les céréaliers que ces derniers vont être confrontés à une baisse des aides européennes dans le cadre de la future PAC 2014-2020. 

"Une démonstration anticipée de l'irréalisme des choix français pour la nouvelle PAC (Politique agricole commune, ndlr) ", a réagi dans un communiqué l'union syndicale de céréaliers Orama.

Les résultats des agriculteurs "grandes cultures" (betteraves, pommes de terre) devraient également chuter de 49,3% pour s'établir à 31.800 euros en moyenne, confrontés à une forte baisse des prix et à un coût croissant des engrais.

De leur côté, les viticulteurs sont cette année portés par une demande dynamique (revenu en hausse de 32,9%, à 52.600 euros), après une récolte 2012 historiquement faible.

Les éleveurs au plus bas

Pour ce qui est des éleveurs, déjà mal en point les années précédentes, leur situation se dégrade encore un peu plus. Le volume de la plupart des productions animales est en baisse et les coûts de l'alimentation pèsent encore sur la rentabilité.

Les volaillers sont particulièrement touchés, avec un revenu en chute de 36,6% à 20.800 euros en moyenne, tout comme les producteurs de viande bovine, à 19.800 euros (-8,0%). 

Contestation des résultats, frustration des céréaliers

Ainsi, même si l'écart devrait se resserrer en 2013, le monde agricole continue de connaître de grandes disparités entre céréaliers et éleveurs. "Cette situation structurelle justifie le rééquilibrage des aides de la PAC au profit des productions les plus fragiles ", conclut le ministère. 

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Pas sûr que cela enchante les céréaliers. Menés par la FNSEA, ils avaient déjà fait part de leurs mécontentements, fin novembre, après les annonces du gouvernement. D'autant que le principal syndicat agricole a contesté les résultats avant même leur mise en ligne officielle. 

La FNSEA n'a pas remis en cause les résultats prévisionnels de 2013, mais bien ceux de 2012. Dans la prévision de décembre 2012, les revenus des céréaliers culminaient à un niveau record : 72.000 euros. Un an plus tard, ils sont donc descendus à 56.700 euros. Mais pour la FNSEA, les chiffres de 2012 sont erronés. "Cela jette un doute sur la sincerité des comptes publics et sur le rôle de la Commission des comptes de l'agriculture ", affirment-ils, toujours en faisant référence à la réforme de la PAC. 

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