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"La couleur est bien rouge, la texture fondante" : après des années de recherche, une nouvelle variété de tomate voit le jour

Les scientifiques de l'Institut de la recherche agronomique (Inra) ont créé une nouvelle variété de tomates. Destinée d'abord aux restaurateurs, elle pourrait à terme atterrir dans nos assiettes.

Article rédigé par Sophie Auvigne, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une nouvelle variété de tomates vient de naître à l'Institut de la recherche agronomique (Inra). Photo d'illustration. (LAURENCE MOUTON / MAXPPP)

Au terme d'un processus long et complexe, les scientifiques de l'Institut de la recherche agronomique (Inra) viennent de récolter les premières tomates d'une variété qu'ils ont créée. Au premier coup d'oeil, elles ont belle allure. "La couleur est bien rouge, la texture a l'air fondante", note Élia, venue prêter son palais pour goûter les premiers fruits de cette recherche scientifique. "C'est bien sucré, très fondant et on sent le côté charnu et sucré du fruit." La tomate est donc validé : elle est savoureuse.

Des années de recherche pour aller vers la tomate parfaite

L'aventure de la création de cette nouvelle variété a commencé il y a 20 ans, dans les laboratoires de l'Inra. Génération après génération, les scientifiques se rapprochent d'une tomate sur mesure. C'est René Damidaux, un ingénieur de l'Inra, qui sélectionne les fruits depuis 37 ans. 

Une tomate ça doit être rouge, frais et juteux. C'est un bon équilibre entre le sucre et l'acide et ça doit laisser en bouche une persistance au niveau des arômes qui va durer

René Damidaux, sélectionneur de tomates à l'Inra

à franceinfo

Et pour une tomate la plus savoureuse possible, il donne de sa personne tous les jours. "Depuis quelques années, je m'attelle à goûter tous les pieds de tomates que j'ai en culture pour ma sélection." Cette pratique est parfois un peu pénible pour lui. "Quand on a goûté 50, 60 ou 80 tomates dans une matinée, à midi, on n'a pas envie d'en manger." D'autant plus que "souvent, elles ne sont pas bonnes", avoue-t-il.

Des clients exigeants

C'est d'abord aux restaurateurs que les scientifiques ont pensé au moment de sélectionner les tomates. Des clients qui savent exactement ce qu'ils veulent. "Ce qui est intéressant pour nous en cuisine, c'est que quand vous passez ce produit dans une centrifugeuse, vous allez obtenir un jus limpide et onctueux", explique le chef Laurent Mosset "Si je dois faire un jus avec, je n'ai pas besoin d'adjonction de fécule ou de choses comme ça", apprécie le chef cuisinier. Il approuve surtout deux particularités de cette tomate : "Elle se tient réellement bien en cuisson, pour les restaurateurs c'est ce qu'il y a de plus important, et elle est très charnue avec très peu de pépins." Le chef se dit amplement "satisfait" par le fruit créé par l'Inra. 

Beaucoup de critères à respecter

En dehors du goût, les tomates mises au point par les chercheurs doivent respecter un cahier des charges très précis. Ce sont les arrières petites filles des Garances, une autre création de l'Inra née il y a cinq ans. La nouvelle variété a été croisée avec des vieilles variétés pour être plus grosse, avoir plus de chair, une peau plus fine et être cultivée en pleine terre.

Ces tomates sont destinées à un circuit court, sans passer par des chambres froides. Elles doivent donc être récoltées à maturité. Elles peuvent ainsi être stockées pendant huit jours à température ambiante. Elles ont également une bonne résistance à toutes sortes de maladies, ce qui permet d'utiliser moins de pesticides pour les faire pousser. 

Une production encore relativement confidentielle

La production de cette nouvelle tomate est intéressante pour Jacques Rouchaussé, président du Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL) : "Aujourd'hui il manque des produits, on n'est pas autosuffisants sur l'ensemble de notre territoire. Donc effectivement, si on trouve une nouvelle tomate gustative, on a réellement notre place au lieu d'acheter des tomates d'autres origines", analyse-t-il. 

Mais il faudra attendre encore un peu avant de trouver cette nouvelle variété de tomates au supermarché. "Étant donné qu'on est en expérimentation, il faut la tester sur une petite échelle", explique Jacques Rouchaussé, tout en promettant que ce fruit amélioré n'a pas vocation à être réservé aux seuls restaurateurs. 

Une fois que cette variété sera bien lancée, il y aura une ouverture pour l'ensemble du réseau de distribution

Jacques Rouchaussé, président du CTIFL

à franceinfo

Soixante-dix tonnes ont été récoltées cette année et 1 000 tonnes devraient être cueillies l'an prochain. C'est encore peu comparé aux 600 000 tonnes produites chaque année en France. La tomate est en effet le légume préféré des Français avec 12 kilos consommés par habitant chaque année. 

Reportage de Sophie Auvigne

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