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L'affaire de la viande de cheval prend de l'ampleur : les questions qui se posent

Les rayons des produits surgelés qui se vident dans presque toutes les enseignes françaises. Alors que les premières plaintes sont attendues lundi, toute la filière agroalimentaire est convoquée cet après-midi par les ministres concernés au ministère de l'Economie. Retour sur un scandale européen.
Article rédigé par Sylvie Johnsson
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

Comment ce scandale
a-t-il été découvert?

L'affaire, le
"horsegate " pour reprendre l'expression des journalistes
britanniques, commence mi-janvier quand les
autorités irlandaises découvrent que des hamburgers vendus en Grande-Bretagne et
en Irlande contiennent de la viande de cheval. L'Autorité britannique de
sécurité alimentaire
qui s'inquiète de la présence dans la viande d'un
médicament vétérinaire, le Phenylbutazone, fait la même
découverte en testant des lasagnes de bœuf de la marque Findus. Dans les deux
cas le fournisseur est le même, le groupe français Comigel.

D'où venait cette viande
de cheval?

La reconstitution du
circuit montre une multiplication d'intermédiaires. Le fournisseur de l'usine
luxembourgeoise Comigel, une PME basée à Metz, est le groupe français Poujol qui
appartient à la société Spanghero. Poujol "a acheté la viande surgelée
auprès d'un trader chypriote, qui avait sous-traité la commande à un trader
situé aux Pays-Bas, ce dernier s'étant fourni auprès d'un abattoir et d'un
atelier de découpe situés en Roumanie
", a affirmé le ministre français en
charge de la Consommation, Benoît Hamon.

Ce qui pose aussi la question de l'appelation "minerai de boeuf " que  la société Spanghero précise "avoir acheté puis revendu à son client Tavola (filiale de Comigel), conformément à sa demande " .

Faute accidentelle ou
fraude manifeste?

Autrement dit est-ce que l'entreprise Spanghero savait qu'elle achetait du cheval et pas seulement du bœuf ?
Son président, Barthélémy Aguerre, affirme qu'il a été trompé : "*Nous,  on se fie à la traçabilité qui est faite en amont. On ne peut pas se
rendre compte car on ne touche pas la viande. C'est de la viande
congelée, on ne peut pas la toucher sinon on la décongèle...
"* Il répond à Bixente Vrignon de FranceBleu Pays Basque .

** De son côté, le ministère roumain de l'Agriculture a ouvert une
enquête. Mais le président de l'association des syndicats de l'industrie
alimentaire estime que l'importateur aurait dû se rendre compte tout de suite
qu'il s'agissait de viande de cheval et pas de boeuf.

Quels sont les produits
concernés?

Des lasagnes,
cannellonis ou spaghettis bolognaise, moussaka, hachis parmentier,
vendus dans les magasins Auchan, Casino, Carrefour, Système U, Cora, Monoprix,
Picard aussi bien sous la marque Findus ou sous des marques de distributeurs. Les
principales enseignes françaises sont donc concernées.

Findus s'adresse sur son site à ses clients. L'entreprise qui parle d'"anomalie ", et "d'incident sans conséquence sur la santé des consommateurs " publie  la longue liste des références des produits concernés. Elle a aussi ouvert un numéro vert :  0800 20 50 53.

Pourquoi les contrôles
n'ont-ils rien révélé?

Les agents de la direction
générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes vérifient
" systématiquement " 650 entreprises de la filière viande, explique un
de ses chefs de service dans le Figaro . Mais il ne cite aucun contrôle de
Findus un poids-lourd des surgelés. Quant à l'Europe, elle encadre mais ne contrôle pas.

Quelles sont les suites
possibles?

D'abord une chute des
ventes de tous ces produits à commencer par ceux étiquettés Findus la marque la
plus citée. 

Ensuite des conséquences judiciaires. Le groupe suédois Findus Nordic a annoncé
le dépôt d'une plainte contre Comigel et ses fournisseurs pour fraude et non
respect des obligations contractuelles. Les responsables pourraient également être poursuivis pour tromperie. Ils risquent des peines allant jusqu'à deux ans d'emprisonnement. 

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