Interdiction des néonicotinoïdes : les cultivateurs de betteraves s'inquiètent de "l'absence de solutions alternatives"
Pour protéger les pollinisateurs comme les abeilles, l'interdiction des néonicotinoïdes entre en vigueur samedi 1er septembre en France. Une mesure qui n'a pas l'adhésion des cultivateurs de betteraves de la Somme qui craignent que la jaunisse ravage leurs parcelles.
L'interdiction des néonicotinoïdes entre en vigueur samedi 1er septembre en France. Cette décision a pour but de protéger les colonies d'abeilles contre ces produits toxiques qui enrobent les semences tout en s'attaquant au système nerveux des insectes, les désorientent et les affaiblissent.
L'interdiction s'applique, entre autres, aux planteurs de betteraves alors que, selon eux, les abeilles ne vont pas sur la plante, récoltée avant la floraison, à la mi-septembre.
Les cultivateurs manquent de solutions alternatives
Dans la Somme, cette mesure fait même grincer des dents les quelque 3 000 producteurs, inquiets de l'absence d'alternatives. C'est le cas de Thierry Sergeant qui cultive 30 hectares de betteraves près d'Albert, à l'est de la Somme et qui redoute une baisse de ces rendements : "Dans l'enrobage des semences, les néonicotinoïdes sont le meilleur moyen actuel pour ne plus avoir la jaunisse sur nos parcelles."
"On va devoir réutiliser des insecticides qui seront aussi des produits phytosanitaires", poursuit le cultivateur avant d'ajouter : "Ces produits phytosanitaires vont aller sur les parcelles mais seront beaucoup moins efficaces, parce qu'il faut cibler les populations de pucerons quand elles arrivent sur la parcelle, donc parfois on ne pourra pas intervenir au moment juste et donc la jaunisse s'installera dans les parcelles".
Si on n'arrête pas le puceron et la jaunisse, on peut avoir des pertes de 30 ou 40% de notre rendement
Thierry Sergeant, un cultivateur de betteraves de la Sommeà France Bleu Picardie
Les pollinisateurs n'aiment pourtant pas les betteraves, argumentent les cultivateurs
Un avis partagé par Dominique Fievez, le président de l'association syndicale des betteraviers de la Somme qui rappelle que les abeilles ne sont pas friandes des betteraves : "La betterave ne présentant pas de fleurs, il n'y avait aucun risque pour que des pollinisateurs telles que les abeilles puissent se poser sur les betteraves et d'avoir ce risque que l'on connaît en matière de mortalité et de disparition d'abeilles."
"A ce jour, il n'y a aucune solution alternative. Ce sont des pucerons qui provoquent cette maladie qui est la jaunisse et qui fait que le rendement est atteint. En moyenne on estime que c'est autour de 15 à 20% de perte de rendement pour notre département de la Somme", conclut-il.
Malgré l'interdiction des néonicotinoïdes, des dérogations restent possibles jusqu'en juillet 2020.
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