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Viande porcine : le nouveau bras de fer entre éleveurs, industriels et gouvernement en quatre actes

Le bras de fer a commencé lundi quand deux gros industriels de la transformation de viande, la Cooperl et Bigard/Socopa, ont décidé de se retirer du Marché du porc breton. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 3 min
Des cochons avancent dans leur enclos au sein d'une ferme Label rouge, à Brûlon, le 7 septembre 2014. (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Les enseignes E. Leclerc, Intermarché et Casino continuent de soutenir le cours du porc au cadran breton. Mardi 11 août, en plein bras de fer sur le prix de la viande porcine entre éleveurs et industriels, ces géants de la distribution ont annoncé maintenir leur position d'achat au prix fixé par le gouvernement : soit 1,40 euro le kilo.

Ils prennent ainsi leurs distances avec la décision de la Cooperl et de Bigard/Socopa, les deux gros industriels qui ont fait capoter lundi la cotation sur le marché de la viande porcine. 

Francetv info revient sur ce nouvel épisode de la crise des éleveurs. 

 Acte 1 : deux gros acheteurs du secteur jugent le cours trop élevé et se retirent

Le bras de fer commence lundi. Deux gros industriels de la transformation de viande, la Cooperl et Bigard/Socopa, décident ce jour-là de ne pas participer au Marché du porc breton (MPB) à Plérin (Côtes-d'Armor), où est fixé le prix de la viande de porc tous les lundis et jeudis. Tous deux estiment que le cours du porc à 1,40 euro le kilo, fixé avec le gouvernement à la mi-juin pour soutenir les éleveurs en difficulté, est trop élevé.

Le porc français est en effet l'un des plus chers d'Europe : 1,55 euro le kilo, contre 1,32 euro le kilo en Allemagne et même 1,23 euro au Danemark. Ainsi, les industriels dénoncent un "cours politique [décidé] pour tenir la tête hors de l'eau à une partie de la production française".

Pourquoi le porc français est-il moins compétitif ?
Pourquoi le porc français est-il moins compétitif ? Pourquoi le porc français est-il moins compétitif ? (FRANCE 2)

Acte 2 : les éleveurs dénoncent une "prise d'otages" et interpellent le gouvernement

Problème : la Cooperl et Bigard/Socopa représentent 30% des achats au marché au cadran. L'absence de cotation n'empêche pas les éleveurs de tenter de vendre en direct aux abattoirs, mais la négociation, faute de prix de référence, peut se révéler plus difficile. 

Aussitôt, Paul Auffray, le président de la Fédération nationale porcine (FNP), dénonce un "chantage et une prise en otage des éleveurs" par Bigard et la Cooperl, qui "voudraient que les prix baissent de 15 centimes par kilo" par rapport à leur niveau actuel.

Il appelle le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, à porter la situation au niveau européen, soulignant qu'aucune action n'a été décidée dans l'immédiat.

 Acte 3 : Stéphane Le Foll convoque une réunion avec les deux acheteurs 

Mardi, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, intervient publiquement. Il promet que "tout sera mis œuvre" pour que les cotations du porc reprennent normalement jeudi.  

 

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DLTFTV_MAM_5414666 DLTFTV_MAM_5414666 (FRANCE 2)

Le ministre annonce par ailleurs que des discussions auront lieu avec les deux acheteurs, dans la journée mardi, estimant nécessaire que "chacun assume ses responsabilités"Enfin, il annonce la tenue d’une table ronde à la fin du mois d’août avec tous les acteurs de la filière porcine.

 Acte 4 : la grande distribution se range du côté des éleveurs 

Mardi soir, c'est au tour de plusieurs grands noms de la grande distribution de réagir, à commencer par E. Leclerc. "Pour la prochaine cotation au marché du porc qui aura donc lieu ce jeudi, les adhérents E. Leclerc [franchisés] me demandent de confirmer que les équipes de Kermené ont bien reçu pour consigne de maintenir leurs positions d'achat à 1,40 euro/kg", déclare alors sur son blog Michel-Edouard Leclerc, le président des centres Leclerc. Il souligne toutefois que "la situation ne sera pas tenable à moyen terme" s'il n'y a que "deux gros opérateurs à jouer le jeu".

Un peu plus tard, Intermarché confirme à son tour son soutien aux éleveurs de porc en expliquant "avoir permis d'atteindre, avec son pôle agroalimentaire Agromousquetaires, le niveau rémunérateur de 1,40 euro/kg en revalorisant chaque semaine depuis deux mois son prix d'achat au cadran". "Afin de maintenir le cours du porc sur le long terme, Intermarché incite ses fournisseurs à rejoindre cette démarche de valorisation du prix dans la filière porcine", précise l'enseigne, qui donnera la priorité aux fournisseurs qui s'alignent sur ce prix.

Enfin, dans la soirée, c'est au tour du groupe Casino de réaffirmer "son engagement en soutenant le cours du porc", dans un communiqué. Le groupe y promet de "donner sa priorité d'achat aux fournisseurs ou groupements apporteurs de porc qui respecteront ce cours au cadran".

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