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Deux industriels de la viande refusent d'acheter le porc au prix fixé par le gouvernement

Pour soutenir les éleveurs, le gouvernement a fixé comme objectif un prix du porc à 1,40 euro le kilo.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Une salariée de l'entreprise Salaisons Clermont, le 18 mai 2015 à Liffré (Ille-et-Vilaine) lors d'une visite du ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. (MAXPPP)

Les industriels de la viande engagent un bras de fer avec le gouvernement. Aucune cotation n'a eu lieu lundi 10 août au marché du porc breton (MPB), où s'établit le prix de référence national de cette viande. Jugeant le prix actuel trop élevé, les deux plus gros acheteurs de porcs, la Cooperl et Bigard/Socopa, n'ont pas participé, alors qu'ils représentent 30% des achats au marché au cadran. L'absence de cotation n'empêche pas les éleveurs de tenter de vendre en direct aux abattoirs, mais la négociation, faute de prix de référence, peut se révéler plus difficile.

Le prix actuel s'établit à environ 1,40 euro le kilo, objectif fixé par le gouvernement à partir du 12 juin pour tenter de résoudre la crise traversée par les éleveurs de porcs français. Mais ce prix met à mal aujourd'hui les industriels français, affirment-ils : ils exportent 30% de leur production et doivent faire face, à l'export comme en France, à des concurrents européens, notamment allemands et espagnols, qui pratiquent des prix bas grâce à des exigences sociales ou environnementales moins contraignantes.

La Cooperl dénonce "un cours politique"

Dans un courrier daté du 6 août envoyé à ses adhérents, la Cooperl explique que, pendant qu'"une volonté politique de court terme a réussi à porter le cours à 1,40 euro" en France, "l'Allemagne abaissait brutalement son prix d'achat" et, "à ce jour, 25 centimes séparent le cours français du cours allemand""Les capitaux de la Cooperl sont la propriété de ses adhérents, ils n'ont pas vocation à financer un cours politique pour tenir la tête hors de l'eau à une partie de la production française", ajoute la coopérative.

Selon un communiqué du Syndicat national de l'industrie des viandes (SNIV-SNCP) envoyé lundi, les producteurs, "soutenus par les pouvoirs publics", obtiennent "les prix les plus élevés d'Europe, sans trop se soucier du devenir des abattoirs". Or, dans le même temps, "le secteur charcuterie-salaison considère que les viandes européennes sont meilleures que les viandes françaises (elles sont en réalité moins chères)" et que la grande distribution "n'a pas encore renoncé à sa politique de guerre des prix (...) et des marges (...)".

Paul Auffray, le président de la Fédération nationale porcine (FNP), a dénoncé pour sa part un "chantage et une prise en otage des éleveurs" par Bigard et par la Cooperl, qui "voudraient que les prix baissent de 15 centimes par kilo" par rapport à leur niveau actuel. Il appelle le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, à porter la situation au niveau européen, soulignant qu'aucune action n'a été décidée dans l'immédiat.

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