Cet article date de plus de deux ans.

Bretagne : des manifestants écologistes bloquent et vident en partie un train de céréales pour dénoncer les "fermes usines"

"Le système d'élevage hors sol va droit dans le mur, nous devons mettre l'agro-industrie à terre", ont justifié ces manifestants. La FRSEA dénonce une "action scandaleuse".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des membres du collectif "Bretagne contre les fermes usines", le 19 mars 2022 à Saint-Gérand (Côtes d'Armor). (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

"Un mur en travers des voies de l'agro-industrie." Un train transportant des céréales destinées à la fabrication d'aliments pour bétail a été immobilisé par une cinquantaine de manifestants, samedi 19 mars, près de Pontivy (Morbihan), et une partie de son chargement déversé sur les voies, a constaté un photographe de l'AFP. "Le système d'élevage hors sol va droit dans le mur, nous devons mettre l'agro-industrie à terre", ont affirmé dans un communiqué les manifestants, réunis à l'appel du collectif "Bretagne contre les fermes usines".

Les militants ont édifié un mur en travers des voies ferrées, a observé le photographe, afin de symboliser "un mur en travers des voies de l'agro-industrie", ont-ils expliqué. "En déversant ces céréales destinées à l'alimentation d'une partie du cheptel breton, nous symbolisons le lien au sol à recréer dans notre agriculture, le lien à la terre bretonne, cette même terre qui ne peut pas supporter les incidences de l'élevage d'un si grand nombre d'animaux", ont-ils expliqué sur leur page Facebook.

"La terre ne peut plus se régénérer"

"La terre ne peut plus se régénérer ; c'est le dépassement de ses limites qui oblige les importations massives de protéines (dont les tourteaux de soja d'Amérique du Sud) et les exportations d'azote et de phosphore vers des terres moins saturées", ont-ils écrit, en référence au transport, notamment vers d'autres régions de France, de fumier provenant d'élevages bretons, utilisé comme engrais. "Nous continuerons d'agir. Ce sont les vies d'agriculteurs et d'agricultrices qui sont en jeu (...) Le dernier rapport du Giec indique clairement un manque de volonté politique" de faire évoluer la situation, ont-ils estimé.

Un membre du collectif "Bretagne contre les fermes usines" déverse sur la voie du blé destiné à alimenter du bétail, le 19 mars 2022 à Saint-Gérand (Morbihan). (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Le collectif prône "une agriculture paysanne, vivante, agroécologique, territorialisée, créatrice d'emplois et rémunératrice". "Nous nous battrons pour que disparaisse un système destructeur, nous nous battrons pour qu'éclose une véritable agriculture nourricière, joyeuse et vivante", affirme encore le collectif.

La FRSEA dénonce "une action scandaleuse"

La cargaison était destinée à Sanders, filiale du groupe Avril, selon les manifestants. Plusieurs filières de l'agriculture bretonne, première région agricole française où domine l'élevage, traversent une crise profonde et induisent des effets négatifs sur l'environnement, y compris sur la qualité de l'air. La Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles (FRSEA), la chambre régionale d'agriculture ainsi que le Crédit agricole et Groupama notamment, ont dénoncé samedi soir "une action scandaleuse de la part de militants déconnectés des réalités et agissant contre l'intérêt général".

"Nous dénonçons une fois de plus les actions destructrices de ces associations ou collectifs qui détruisent notre agriculture.(....) Nous sommes prêts à poursuivre notre travail pour répondre aux demandes variées en produits alimentaires des citoyens, mais nous demandons une réaction de l'Etat pour mettre un terme aux actes de toutes formes remettant en cause notre agriculture", ont écrit ces organismes dans un communiqué, rappelant que cette interception de train est intervenue "alors que l'ONU redoute un 'ouragan de famines' et des émeutes de la faim, conséquences du conflit russo-ukrainien".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.