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Accusations de Mediapart contre la FNSEA : "Ce n'est pas sérieux, ils font de la vendetta", dénonce Christiane Lambert

La présidente de la FNSEA était l'invité de franceinfo le jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Christiane Lambert en février 2020.  (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

En plein Salon de l'agriculture, le site Mediapart affirme que le syndicat agricole FNSEA a utilisé des fonds pour abonder les cotisations sociales de l'ensemble des employeurs agricoles, pour renflouer ses caisses et assumer ses frais de fonctionnement. "Mediapart s'acharne, fait de la vendetta, ce n'est pas sérieux et nous avons porté plainte", a déclaré samedi 22 février sur franceinfo Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.

franceinfo : Mediapart affirme que votre syndicat a une gestion douteuse des fonds recueillis pour l'emploi agricole. Que répondez-vous ?

Christiane Lamber : Mediapart fait du Mediapart. Ce n'est pas la première fois que Mediapart attaque une organisation comme la FNSEA. Ils l'ont déjà fait par le passé et nous avons réussi à prouver que ce qu'ils disaient n'était pas juste. Aujourd'hui, les données qu'ils mettent sur la table ne sont pas justes. Nous travaillons pour les employeurs de main d'œuvre. Ce qui est écrit est faux et c'est ça qui me gêne. C'est essayer de laisser penser que les gens qui travaillent et qui défendent les agriculteurs ne sont pas honnêtes. J'assume d'avoir une politique salariale avec des experts de haut niveau dont nous avons besoin. Je suis agricultrice, je ne suis pas docteur en droit, je ne suis pas juriste, j'ai besoin d'experts à mes côtés. Sortir des salaires bruts et les comparer à des salaires nets c'est malhonnête. Mediapart s'acharne, fait de la vendetta, ce n'est pas sérieux et nous avons porté plainte. Nous saurons prouver qu'ils mentent.

Emmanuel Macron a assuré qu'il n'y aurait pas d'interdiction du glyphosate sans solution. Est-ce que sa réponse vous convient ?

C'est ce que nous souhaitions entendre depuis longtemps. Il faut écouter la science. Lorsqu'il est dit qu'il n'y a pas de solution de remplacement pour certains produits phytosanitaires c'est suicidaire de les supprimer en France et seulement en France. Il a été questionné sur les zones de non-traitement, le texte est signé et a été mis en œuvre dans la précipitation. Les agriculteurs ont demandé deux choses : ne pas être en instabilité juridique sur le premier semestre alors que tout n'est pas encore connu et avoir des compensations économiques puisque c'est pour la santé publique.

Beaucoup de Français souhaitent une agriculture plus raisonnée. Est-ce qu'il y a une réflexion à mener du côté des agriculteurs pour un changement de modèle ?

Bien sûr que nous travaillons pour faire évoluer nos pratiques. En France, il y a 1 000 modèles, l'agriculture est très différente. Par contre, nous avons pris l'initiative à la FNSEA d'emmener avec nous 41 partenaires pour travailler sur une évolution des pratiques et écrire un contrat de solution pour la protection des plants. Nous voulons des solutions nouvelles. Chaque fois qu'il y aura des solutions on supprimera les molécules les plus problématiques. Cette préoccupation est constante chez les agriculteurs malheureusement les résultats ne sont pas tous au rendez-vous. Mais il n'y a pas d'un côté les gentils et les méchants de l'autre. Aujourd'hui on a accès au biocontrôle. Ce sont des méthodes plus douces, ce sont des insectes qui tuent des insectes. En l'espace d'un an, on a doublé la surface traitée avec du biocontrôle. Donc, oui les agriculteurs sont au travail, mais il faut qu'on arrive à trouver plus rapidement des solutions.

La politique agricole commune (PAC) risque d'être affaiblie avec le Brexit. Attendez-vous des garanties ?

Le président de la République a été très ferme dans son propos en disant qu'il n'accepterait pas que ce soient les agriculteurs français qui paient pour le Brexit. Cette phrase est très forte. Le Brexit est passé par là et c'est moins 12 milliards d'euros pour le budget européen, ça fait moins trois milliards d'euros pour le budget de la PAC. Il faut donc que les pays se mobilisent pour maintenir cette politique. La Pac, ce n'est pas une politique ringarde et ce n'est pas que pour les agriculteurs. C'est pour l'alimentation, les territoires, l'environnement, la biodiversité. Sans la PAC, les agriculteurs n'arrivent pas à tenir. Nous espérons que la prochaine négociation sera la bonne et que les pays radins, les pays frugaux, changeront d'avis et accepteront de consacrer plus de moyens à la politique agricole commune.

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