: Vidéo Chômeurs de La Poste : des mois sans indemnités
C'est une particularité de La Poste : l'entreprise doit elle-même indemniser ses anciens salariés au chômage. Mais son service chômage est débordé. D'anciens employés n'ont rien touché des mois après leur fin de contrat.
Quand un salarié termine un contrat à La Poste, ce n’est pas vers Pôle Emploi qu’il doit se tourner. Comme certains employeurs publics, La Poste a recours à l’auto-assurance chômage : c’est elle qui doit verser les indemnités à ses anciens salariés. Mais ça ne passe pas toujours comme une lettre à La Poste.
En région parisienne, Pierre Lauret, 27 ans, ne peut plus payer son loyer, son téléphone ni son électricité. Ces derniers temps, c’est un ami qui lui donne de l’argent pour ses courses alimentaires. "Signer à La Poste, c’était la plus grosse erreur de ma vie. A cause d’eux je suis dans une situation dans laquelle je ne me suis jamais retrouvé."
Dossier complet un jour, incomplet le lendemain
Il a terminé son contrat d’apprentissage à la Direction des achats de La Poste il y a 6 mois. Depuis il est au chômage, et l’entreprise aurait dû lui verser plus de 1000 euros d’allocations par mois. Mais rien ne s’est passé comme prévu.
Il a bien reçu une bonne nouvelle par courriel le 18 novembre : “après étude de votre dossier, nous vous informons qu’il est complet”, lui écrit alors le service chômage de La Poste. Mais le lendemain, 19 novembre, un courrier lui réclame deux "pièces manquantes".
A plusieurs reprises, il doit compléter son dossier par de nouveaux documents, qui selon lui n’étaient pas demandés au départ. Cela fait maintenant 6 mois qu’il est sans travail et sans ressources, et quand il cherche à se renseigner sur l’avancement de son dossier, la plateforme téléphonique dédiée ne répond pas.
Je me dis que leur but c’est de décourager. Qu’on se décourage, qu’on retrouve un travail et qu’on se dise ‘tant pis je n’ai pas été indemnisé, mais ça ne vaut pas le coup de se prendre la tête avec ça’.
Pierre Lauretà France 2
A Grenoble, le syndicat Sud-PTT a repéré depuis la crise sanitaire une explosion du nombre de chômeurs qui attendent le versement de leurs indemnités. Les témoignages d’anciens postiers en détresse financière arrivent chaque jour. “J’ai une famille de 4 enfants et la situation est très critique,” témoigne l’une. "Mes moyens de paiement sont bloqués, je suis désarmé, je ne sais plus quoi faire face à cette situation,” se confie un autre.
"500 à 600 dossiers"
"Depuis le mois d’août, on reçoit entre cinq et dix appels par jour," décompte François Marchive de Sud-PTT Isère-Savoie. "On a centralisé 500 à 600 dossiers, c’est le sommet de l’iceberg sûrement."
Quels sont les montants en jeu ? Interrogée, La Poste ne les communique pas, mais reconnait des difficultés en 2020. “Consciente des situations difficiles que ces retards ont entraînées, La Poste a renforcé son dispositif. Aujourd’hui, chaque dossier est examiné en 24 heures et tous les dossiers reçus en 2020 ont été pris en charge,” a-t-elle répondu par courriel.
Des dossiers “examinés” et “pris en charge”, mais pas forcément réglés, ni des chômeurs tous indemnisés pour le moment.
Parmi nos sources :
La Poste
Site web de SUD PTT Isère-Savoie
Groupe Facebook “Les victimes du système chômage de La Poste”
Code du Travail : article L5424-1 et suivants.
Liste non exhaustive.
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