Les proches de François Hollande lancent l'opération reconquête pour 2017
François Hollande définitivement plombé par le chômage et les sondages ? Pas du tout. Celui qui a toujours cru en sa bonne étoile n'a pas renoncé à se présenter en 2017, bien au contraire.
"Bien sûr qu'il y va !" C'est presque un cri du cœur de la part de ce "vieil" hollandais, compagnon de route du président depuis de longues années. "Je n'ai jamais douté qu'il sera candidat", abonde la sénatrice Frédérique Espagnac, qui voit très régulièrement le chef de l'Etat. Malgré les échecs, malgré son impopularité ? "J'en ai la conviction parce que je sais ce qu'il a fait pendant son mandat, et aussi ce qu'il veut faire après", assure un parlementaire.
Une petite musique qui se fait entendre… à l'opposé exact de celle qui donnait, il y a seulement un mois, le président hors jeu et pas candidat à sa réélection. Au PS, certains ne cachaient plus qu'ils avaient fait une croix sur la victoire de François Hollande en 2017. Dès lors, les écuries concurrentes commençaient à faire entendre que d'autres seraient mieux placés pour faire gagner la gauche.
Des apéros en forme de début de campagne
Il était donc temps pour les hollandais de remettre en selle l'idée d'un président, certes concentré sur sa tâche, mais qui n'a en rien renoncé à se représenter. "Il fallait répondre à une rumeur qui s'emballait, alimentée par ceux qui voulaient y aller eux-mêmes", confie un proche. L'Elysée a d'ailleurs multiplié les rencontres informelles avec les parlementaires autour de Vincent Feltesse, conseiller du président. Des apéros qui prennent de plus en plus "des allures de début de campagne".
Au-delà de ce contre-feu, les supporteurs du président ont déployé toute une série d'arguments. Le premier, c'est la "logique institutionnelle" qui ferait de François Hollande, président sortant, le "candidat naturel" de la gauche en 2017. "Il est président, il le sera jusqu'au bout. Et, logiquement, il sera candidat."
Ils s'appuient aussi sur le caractère du président : "Je ne le vois pas lâcher", assure un de ceux qui l'ont toujours suivi, même avant 2011, quand François Hollande était surnommé "Monsieur 3%". "Ce n'est pas le genre à renoncer", abonde un conseiller.
Vous connaissez "l'effet rorbu" ?
D'ailleurs, les sondages catastrophiques qui s'accumulent n'ébranlent pas Stéphane Le Foll, l'un des hollandais les plus fidèles. Le ministre de l'Agriculture appelle cela "l'effet rorbu", du nom de ces cabanes de pêche sur pilotis en Norvège. "Vous voyez les campagnes de promotion de la Norvège... Le rorbu, posé sur un fjord, l'eau turquoise, à l'arrière le soleil couchant... J'ai fait un tour de Norvège en vacances, 3 000 km à moto... Eh bien en fait, il y a trois jours de soleil par mois, si tu n'as pas quatre potes et un jeu de cartes, vraiment tu t'ennuies !" Et de conclure : "Une photo ne donne jamais la météo. C'est pareil pour les sondages. Un sondage n'est jamais incapacitant."
Et puis, malgré le fiasco de la déchéance de nationalité, malgré la mobilisation contre la loi El Khomri, les hollandais veulent croire que la politique de l'exécutif commence à porter ses fruits. "Avec l'abandon de la déchéance, on sait qu'on va se prendre des coups de poing de tous les côtés pendant quelque temps. Mais on est en train de voir que la politique de François Hollande est la bonne politique."
Et d'énumérer les indicateurs économiques qui, un à un, passeraient au vert : le déficit qui se réduit, le bâtiment qui repart, les transactions immobilières en plein essor, la consommation soutenue, les entreprises qui ont reconstitué leurs marges... "C'est le fond de notre raisonnement sur la politique de l'offre, explique un ministre à francetv info. Cela dit, si les résultats sont meilleurs, ils ne le sont pas encore assez pour que cela puisse être perçu. Mais il faut redonner la perspective de l'explication à ces résultats, qui ne tombent pas du ciel. Il faut redonner le fil."
"Vous en voyez un autre ?"
Reste, évidemment, le problème du chômage, dont la courbe ne se décide toujours pas à baisser. "A un moment, même le chiffre mensuel des demandeurs d'emploi va réagir favorablement à cette météo économique et sociale" moins morose, dit un conseiller de l'Elysée. Tout en avouant être incapable de savoir quand cela arrivera, il ajoute : "François Hollande ne devrait pas être empêché par ce chiffre-là." La baisse du chômage, dont le président a lui-même fait une condition sine qua non pour se représenter, ne serait donc pas un obstacle éternel...
Ultime argument : il serait le mieux placé pour rassembler son camp. "Je ne vais pas vous dire qu'il n'y a pas de problème. Mais vous en voyez un autre ? s'interroge un vieux compagnon de route du président. Valls ? Il n'est pas le point d'équilibre de la gauche. Hamon ? Non plus. Macron ? Trop jeune. C'est mieux que ça soit lui." Et de conclure, fataliste : "Ce n'est pas très glorieux. Vous pouvez avoir une candidature en positif, ou par élimination des autres. Mais, que vous soyez un ardent hollandais ou par élimination des autres, vous arrivez au même résultat."
Pas question d'entrer en campagne trop tardivement
Les conditions ne sont pas – encore ? – réunies, mais les hollandais réfléchissent déjà entre eux à la campagne de 2017 : "Oui, 2017 fait partie des sujets sur la table. Chacun y va de son couplet... En ce moment, c'est surtout : comment on remonte la pente ?" Quelle stratégie ? Quel calendrier ?
Ils sont plusieurs à tabler sur une entrée en campagne après la primaire de la droite (20 et 27 novembre), peut-être en décembre. Pas question de refaire la campagne éclair de Mitterrand en 1988, qui avait attendu mars pour se déclarer. Même celle de Nicolas Sarkozy, parti en février 2012, est jugée trop courte. Comme le reconnaît un conseiller de l'Elysée : "Six mois, ça ne sera pas de trop."
"Il ne faut pas de mélange des genres, entre le président en exercice et le candidat. Mais il faut quand même prendre le temps d'être en campagne", assure un parlementaire. Cette stratégie serait-elle compatible avec une primaire à gauche, si celle-ci voyait le jour ? En tout cas, le président ne serait "pas contre". Mais attention, poursuit un autre parlementaire, "n'oubliez pas que François Hollande n'est jamais là où on l'attend. Vous verrez..."
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