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"Il n'y a plus rien, ici !" : à La Réunion, les habitants confrontent Emmanuel Macron à leurs difficultés sociales

Le chef de l'État a notamment été accueilli par des "gilets jaunes". Les syndicats ont appellé à une grève générale sur l'île, jeudi 24 octobre.

Article rédigé par Yannick Falt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des Réunionais, dont des "gilets jaunes", attendent Emmanuel Macron à l'aéroport de Saint-Denis, à La Réunion, le 23 octobre 2019. (CYRIL GRAZIANI / FRANCE INTER / RADIO FRANCE)

Emmanuel Macron prend la température dès son arrivée, mercredi 23 octobre. Un bain de foule pourtant très encadré sous des trombes d'eau, place de la Victoire, à Saint-Denis (La Réunion). "Ici, vous avez vu, la vie est chère... Vous, est-ce que vous pourriez vivre avec moins de 1 500 euros ici, à La Réunion ?", demande un Réunionnais.

Le président de la République était très attendu sur l'île, les syndicats ont d'ailleurs appelé à la "grève générale" jeudi 24 octobre pour dénoncer "l'absence de réponses à la hauteur des enjeux". Le chef de l'État avait promis de ne pas arriver les mains vides, il sait que la vie chère est un des sujets de préoccupation.

"J'ai déjà songé à partir"

La vie chère, une expression qui revient dans les témoignages, tout comme les problèmes d'emploi, parfois sur des sujets très spécifiques. Exemple : la faillite de la compagnie XL Airways. "Je suis au RSA, mon mari ne travaille pas, explique cette femme à Emmanuel Macron. Et on devait voyager, mais...." "Il faut qu'on l'aide à trouver un travail, lui répond le président, pour qu'il puisse se payer un billet."

Trouver un travail, c'est la priorité de Grégory, 35 ans, dans un domaine pourtant très porteur. "Je recherche dans l'informatique. Il y a pas mal d'opportunités en principe, mais c'est quand même très compliqué sur l'île de La Réunion. On voit très peu d'offres d'emploi et c'est difficile de postuler et trouver un emploi." Près d'un Réunionnais sur quatre est au chômage. Cela concerne surtout 42% des jeunes. De quoi inquiéter jusqu'aux lycéens, comme Maël, tout juste 16 ans. "Est-ce qu'on va pouvoir, même en ayant un diplôme, trouver un emploi à l'avenir ? C'est vrai que pour chercher un emploi, ce serait beaucoup plus facile en métropole, j'ai déjà songé à partir."

"Les gens ont besoin de voir des choses concrètes"

Changement d'ambiance à huit kilomètres de là, au rond-point de Gillot, à côté de l'aéroport. C'est ici que se sont donné rendez-vous des "gilets jaunes" il y a un an. Ils sont cette fois une centaine, la plupart sans gilet, dont Joséphine, une aide-soignante. "Les gens ont besoin de voir des choses concrètes, de payer moins cher quand ils passent à la caisse. Les belles paroles, je pense qu'on en a un peu marre. Il y a le monopole des grandes familles coloniales qui sont encore en activité à La Réunion, il y a les gros groupes... Il n'y a rien qui est fait. Rien, rien..."

L'ambiance s'échauffe, l'expression d'un ras-le-bol pour Bruno, un éducateur de 47 ans. "Les Réunionnais, ils n'ont rien. Quand les enfants ouvrent le Frigidaire, il n'y a qu'une brique de lait et des biscottes. La Réunion, ça devient la misère. Il n'y a pas de travail, il n'y a plus rien à La Réunion." Quelques jets de pierres et de bouteilles, un portrait d'Emmanuel Macron brûlé : le rassemblement est dispersé à coups de gaz lacrymogènes. Un mouvement désormais marginal, mais en voie de radicalisation, selon les autorités locales.

A La Réunion, les habitants confrontent Emmanuel Macron à leurs difficultés sociales - Le reportage de Yannick Falt

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