Réforme de l'assurance-chômage : "C'est exactement pour cela que Gabriel Attal a été choisi", rappelle un proche d'Emmanuel Macron

Le gouvernement a annoncé qu'il fixera de nouvelles règles d'indemnisation pour les demandeurs d'emploi à partir du 1er juillet, prenant acte du "désaccord" entre les partenaires sociaux, selon un communiqué lundi du ministère du Travail. Dès son arrivée à Matignon, le Premier Ministre avait annoncé vouloir "aller plus loin".
Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre Gabriel Attal à l'Assemblée nationale, le 3 avril 2024. (BERTRAND GUAY / AFP)

Fin du suspense sur l'assurance chômage : le gouvernement reprend la main et fixera lui-même de nouvelles règles d'indemnisation pour les demandeurs d'emploi, qui devraient être plus restrictives, à partir du 1er juillet. L'exécutif prendra "un décret de carence" d'ici au 30 juin qui aura "pour objectif de concourir à l'atteinte du plein-emploi et de favoriser le retour rapide en emploi des chômeurs indemnisés".

Comme en 2019, patronat et syndicats perdent donc à nouveau la main sur la définition de ces règles au profit de l'exécutif. Celles qui sont actuellement en vigueur expiraient en principe fin 2023, mais avaient été prolongées par un "décret de jointure" jusqu'au 30 juin, afin de permettre aux syndicats de négocier, notamment sur le cas des seniors. "Qui veut tuer son chien l'accuse de la rage", s'est indigné, dans un communiqué, le syndicat Force Ouvrière, pour qui le gouvernement "prétexte" de l'échec des négociations sur l'emploi des seniors pour reprendre la main sur l'assurance chômage.

"La page est blanche"

Le gouvernement assure au contraire qu’il "regrette ce désaccord et en prend acte", selon un communiqué du ministère du Travail. "Rien n’est décidé, rien n’est acté, la page est blanche", jure la main sur le cœur l’entourage de Catherine Vautrin, la ministre du Travail, qui insiste sur sa volonté de consulter de nouveau les partenaires sociaux avant d’arrêter le détail des mesures.

Il faut dire que cette nouvelle réforme, un an à peine après la précédente, crispe la majorité, "bien au-delà de ce qu'on appelle l'aile gauche", note une figure de l'Assemblée. Le sujet a été "mal lancé", regrette un député en vue : dans l'opinion, le tour de vis est associé à une volonté de faire des économies, quand l'exécutif veut en faire un marqueur de sa capacité à "faire bouger le système" pour atteindre le plein-emploi.

Gabriel Attal s'est donné dès le début pour ambition "d’inciter toujours plus à la reprise du travail. Sans tabou". Le Premier ministre l’a annoncé dès son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale, le 30 janvier 2024 : "Nous devons aller plus loin dans la réforme de l'assurance chômage". Les règles vont donc bel et bien changer, confirme le ministère du Travail. "C'est exactement pour cela que Gabriel Attal a été choisi", rappelle un proche d'Emmanuel Macron : incarner ce qu'à l'Elysée, on appelle la "parole performative". En clair, ce que le Premier ministre dit, il le fait. Et c’est en s’appuyant sur lui, qu’Emmanuel Macron compte réaliser son vœu "d’agir jusqu’au dernier quart d’heure".

Réhabiliter la valeur travail

À trois jours du verdict des agences de notation financières, le gouvernement lance un nouveau signal de sa volonté de réforme. À un mois et demi des élections européennes, Gabriel Attal met également en œuvre ce qu'il juge être, pour un Premier ministre, la meilleure manière d'aider la candidate macroniste, Valérie Hayer, à la peine dans les sondages : s'occuper des problèmes des Français. Il le répète à l'envi : l'une des clés, c'est la réhabilitation de la valeur travail, au-delà de la nécessité de combler le déficit.

"Il se construit une image de droite parce qu'il pense que c'est là qu'il y a un espace politique", regrette un ancien camarade. Une ministre alerte sur le coût politique de cette nouvelle réforme. Selon elle, la morosité ambiante conduit les Français à se percevoir plus qu’à l’accoutumée comme des chômeurs en sursis. Contrairement à Matignon, même au sein du gouvernement, certains craignent que les Français ne désapprouvent des mesures qui laisseraient entendre que le gouvernement, pour faire des économies, "tape sur les demandeurs d’emploi", sans chercher à en faire ailleurs.

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