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Agriculteur, DJ et sapeur-pompier : à défaut d'avoir un CDI, les "slashers" cumulent les emplois

Alors que Pôle emploi doit publier le 24 février, les derniers chiffres du chômage, franceinfo s'intéresse aux "slashers", ces Français qui accumulent plusieurs emplois, par choix ou par nécessité. Ils seraient au moins deux millions en France.

Article rédigé par franceinfo - Joana Yakin, Annabelle Wanecque
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
815.000 nouvelles entreprises, soit une progression de près de 18%  en 2019, par rapport à l'année précédente. (Photo illustration). (MAXPPP)

Pôle emploi dévoile le 24 février, les chiffres du chômage pour le mois de janvier. Si des millions de Français peinent encore à trouver un CDI, certains cumulent les contrats en CDI ou en CDD. On les appelle les "slashers" et ils seraient au moins deux millions en France. Pour les uns, c'est un choix de vie. Pour les autres, une obligation afin de survivre.

Trois emplois cumulés et des semaines de 90 heures

Jean-Yves Boissinot, 42 ans, habite à Coussay-les-Bois dans la Vienne, et raconte son quotidien (bien chargé) à France Bleu Poitou. "Mon premier métier, c'est exploitant agricole, je fais surtout de la culture céréalière et du maraîchage. Le deuxième, c'est l'animation, je suis DJ le samedi soir. Et puis je suis sapeur-pompier volontaire depuis 20 ans, voilà !", explique-t-il, sereinenement. C'est presque normal pour lui, alors qu'avec ces trois boulots cumulés, il travaille, parfois, 80 heures voire 90 heures par semaine. Mais tout ça, Jean-Yves l'a choisi et l'assume. Pas de salaire mirobolant au final, il gagne un peu moins qu'un Smic. Mais c'est suffisant quand on exerce des métiers passionnants, selon lui. Cette vie lui convient désormais et plus question de courir après un CDI.

Je voulais être mon propre patron. Même s'il y a des côtés négatifs, on a quand même beaucoup de côtés positifs

Jean-Yves Boissinot, slasher

France Bleu Poitou

Albane de La Laurencie est, elle aussi, "une cumularde". Elle fait partie de l'association CTP37 (Compétences en Temps Partagé) en Touraine et donne des cours à la fac quelques heures par semaine, des cours particuliers également. Elle est aussi vendeuse indépendante dans le secteur du bien-être. "Quand on voit les mêmes collègues tous les jours qui deviennent fatigués et aigris, c'était pesant pour moi. Alors que là, j'ai le contact avec les jeunes, avec les parents. Et dans mon métier en tant que vendeuse indépendante, je vois tous les types de profils", explique-t-elle à France Bleu Touraine

Les slashers, la fin des chômeurs ?

Mais pour d'autres, ce cumul de petits emplois n'est pas un choix. C'est une façon tout simplement de gagner sa vie et de pouvoir vivre de son métier. "Je pense aux comptables... Aujourd'hui, quelle PME va avoir un comptable à plein temps dans une entreprise où il n'y a que quatre ou cinq salariés ? Ce n'est pas concevable", pour Alain Pasquier, le président de CTP37. Cette méthode de travail peut donc être une véritable solution au chômage. "Il vaut mieux avoir un mi-temps que pas de travail du tout, même psychologiquement. (...) On commence éventuellement par deux jours, trois jours et puis après on va se mettre en quête de trouver un autre employeur qui va nous combler", estime Alain Pasquier. Pourtant le travail en "temps partagé" reste peu pratiqué en France. Il concerne seulement 10% des actifs, contre 30% dans les pays nordiques.

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