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Témoignages Flexibilité, télétravail, congés illimités… Face aux difficultés de recrutement, ces entreprises sont "prêtes à la négociation"

BTP, industrie, informatique, transport.... Autant de secteurs dans lesquels il n'a jamais été aussi difficile de recruter que l'année dernière, selon une enquête de la Dares, le service statistique du ministère du Travail. Alors, pour réussir à recruter et même à garder leurs salariés, les entreprises n'hésitent pas à se mettre en quatre.

Article rédigé par franceinfo - Margaux Queffélec, Morgane Heuclin-Reffait
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le télétravail, l'un des avantages mis en avant par les recruteurs pour tenter de séduire des profils (illustration). (CLAIRE LEYS / RADIO FRANCE)

Plaquiste en Haute-Garonne, David Morales cherche désespérément à recruter depuis trois ans. Il a même engagé deux jeunes bouchers en reconversion qu'ils forment sur le tas et surtout il s'est adapté aux demandes des salariés. "C’est vrai que les salariés sont plus en position de force aujourd’hui que dans une période où il y a moins de travail", reconnaît-il.

"On a modulé nos horaires. Au lieu de recommencer à 13h30, on recommence plus tôt de façon à ce qu’ils puissent rentrer plus tôt chez eux."

David Morales, plaquiste en mal de main d'œuvre

à franceinfo

"Il y a aussi des choses qui ont évolué, poursuit David Morales. Ce n’est pas l’entreprise qui choisit, c’est le salarié, si on lui paye des heures supplémentaires ou s’il prend des heures de repos en plus. Quand ils demandent des augmentations, on ne va pas leur dire que ce n’est pas possible. On fait tout pour pouvoir leur en donner par rapport au travail qui est fait".

La banque est aussi un secteur en tension. D’ailleurs certaines agences offrent même des primes aux salariés qui arrivent à trouver de nouvelles recrues et à les faire rester plus de six mois. Parce qu'en plus des difficultés de recrutement, il faut réussir à garder des salariés avec de nouvelles aspirations.

>> Les démissions au plus haut dans les entreprises françaises depuis la crise de 2008

À la RATP, on sonne aussi la mobilisation générale face à la pénurie de chauffeurs de bus en Île-de-France. Sur 1 500 recrutements nécessaires pour l'année 2022, seuls 700 ont été réalisés entre janvier et fin août. Il en reste donc 800 à pourvoir. Tout est donc fait pour que le métier soit plus attractif.

Formations rémunérées, prime à la cooptation...

D’abord il y a les formations d’un mois rémunérées, 10% de contrats d'apprentissage en plus sont proposés cette année par rapport à 2021 et le permis bus est également pris en charge par la RATP. "C’est vrai que ça a joué parce qu’on est rémunéré 1 320 euros nets donc je trouve que c’est très bien pour une formation", reconnaît Maxime, en contrat pro. L'âge minimal va également être abaissé à 18 ans pour devenir conducteur avec un salaire brut en début de carrière de 2 200 euros brut. "C’est bien rémunéré", estime Delphine qui est passée à la concurrence avant de revenir. Comme Elenaïc, actuellement en reconversion, elle met également la renommée et la stabilité d’un grand groupe en avant pour expliquer sa candidature.

Pourtant, la RATP a enregistré 1% de démissions en 2022, un chiffre en hausse.    Et s’il y a toujours autant de candidats, certains ne donnent pas suite pour les entretiens ou tests, s’étonne le DRH Alexandre Guyot, qui juge la situation "inédite". Pour attirer des candidatures plus solides, la RATP passe, comme les banques, par la cooptation. Les agents qui font recruter quelqu'un ont une prime "jusqu’à 500 euros", précise Alexandre Guyot, qui parle de résultats "encourageants". Malgré tout, cela reste insuffisant pour faire circuler tous les bus normalement. La RATP admet d'ailleurs des "difficultés d'exploitation qui se poursuivent" ce mois-ci.

"Je reçois des offres de jobs tous les jours"

Lisa est une jeune diplômée de l'école d'ingénieur Epicta. Elle est en CDI et pourtant "aujourd’hui, je reçois des demandes sur LinkedIn pour des jobs à peu près tous les jours, confie-t-elle. Des personnes qui mettent en avant différentes choses, tout ce qui est flexibilité, équilibre vie pro/vie perso… Les entreprises sont, je pense, assez prêtes à la négociation sur pas mal de critères parce qu’effectivement, c’est difficile de trouver des profils."

Certaines entreprises ont anticipé et institutionnalisé ces nouvelles demandes comme l'assurance habitation Luko qui propose des congés payés illimités depuis deux ans, explique Léa Joussaume, la responsable de la communication. 

"C’est vrai qu’avoir ce genre d’avantages comme les congés illimités et la possibilité de faire du télétravail, ça permet de se démarquer sur le marché du travail."

Léa Joussaume, responsable de la communication chez Luko

à franceinfo

"On a fait un petit sondage auprès de nos candidats et pour la moitié, ça fait partie des choses qui les poussent à rejoindre Luko", confirme Léa Joussaume.   

Aujourd'hui, plus de 950 000 offres d’emploi sont disponibles sur le site de Pôle emploi. L'agence a d'ailleurs pour projet de créer "un vivier" de chômeurs immédiatement employables dans les secteurs les plus en tensions, selon les informations de franceinfo. 

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