Une étude souligne la discrimination des femmes pour l'accès à des emplois "masculins"
Selon cette étude, une femme qui postule à un poste de chauffeur-livreur à 35% de chances en moins qu'un homme, à compétences et qualifications égales, de se voir proposer un entretient d'embauche.
Ce sont des chiffres importants. Une femme qui postule à un emploi considéré comme typiquement masculin, comme mécanicien automobile, a 22% de chances en moins qu'un homme, à compétences et qualifications égales, de se voir proposer un entretien d'embauche. Cette inégalité des chances atteint même 35% pour un poste de chauffeur-livreur, selon une étude rendue publique lundi 5 novembre et réalisée après de 451 employeurs d'Ile-de-France avec le concours de l'Observatoire des discriminations de la Sorbonne.
Les auteurs de l'étude de la Fondation des femmes, à l'origine de ce testing, ont répondu à 451 offres d'emplois : 173 pour un poste de chauffeur-livreur, 185 pour un emploi de mécanicien automobile et 93 pour un poste de jardinier – des secteurs où les patrons peinent à recruter. À chaque offre, ils ont répondu en envoyant les CV de deux demandeurs d'emploi fictifs : Julie et Thomas. Les deux candidats ont le même âge, des diplômes et expériences professionnelles similaires. Pourtant, Thomas a été recontacté en vue d'un entretien par 168 entreprises ou collectivités, et Julie par 131 seulement.
"C'est la partie émergée de l'iceberg"
"Ce sont des chiffres énormes ! Et encore, c'est la partie émergée de l'iceberg, car nous n'avons pas testé ce qui se passerait ensuite, pendant l'entretien d'embauche", a commenté Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes. Pour lutter contre la persistance des inégalités, "nous disons habituellement aux femmes qu'elles doivent se battre pour un meilleur salaire, pour pouvoir travailler à temps plein, et pour aller vers d'autres métiers que ceux, peu valorisés et mal payés, où elles sont souvent cantonnées", rappelle la militante féministe.
Il y a de vrais obstacles à leur entrée dans des univers professionnels où on ne les attend pas.
Anne-Cécile Mailfertà l'AFP
Interrogée lundi matin sur la possibilité d'instaurer le "CV anonyme" pour endiguer la discrimination pointée par cette étude, la secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, a dit qu'elle n'y était "personnellement (...) pas favorable". "Je crois que quand on recrute quelqu'un, on a le droit de savoir qui est cette personne", a-t-elle fait valoir sur Europe 1.
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