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Place de l'Odéon : "On n'a pas d'autre choix que de résister", assurent les intermittents

Lundi, des dizaines de manifestants ont été violemment repoussés par la police. Depuis dimanche, intermittents, précaires et membres de Nuit debout se mobilisent pour les négociations concernant l'assurance chômage. 

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des intermittents du spectacle et des policiers se font face, le 25 avril 2016, devant le théâtre de l'Odéon, dans le 6e arrondissement de Paris.  (MAXPPP)

La "convergence des luttes" ne s'exprime pas seulement sur la place de la République. Place de l'Odéon, les intermittents ont été rejoints par des précaires et des participants à Nuit debout dans leur lutte pour peser sur les négociations concernant leur régime d'assurance chômage. Depuis dimanche 24 avril, plusieurs dizaines de personnes occupent d'ailleurs le théâtre de l'Odéon. 

L'action, organisée par la Coordination des intermittents et des précaires (CIP), rassemble "des intermittents, des chômeurs, des étudiants, mais aussi des membres de Nuit debout""On a demandé d'emblée de rester là jusqu'à la fin des négociations", raconte Claire, une comédienne présente dans l'Odéon et contactée par francetv info. 

"C'est un théâtre public, où l'on est censé dialoguer"

Ces discussions autour du régime d'indemnisation des intermittents devaient se terminer lundi. Mais la fin des négociations a été repoussée à mercredi. Depuis maintenant deux soirs, une quarantaine de personnes dorment donc dans l'établissement. Voici le récit de l'occupation.

Le choix du théâtre ne s'est pas fait par hasard. "L'Odéon est un lieu symbolique de lutte. C'est un théâtre public, censé être un lieu ouvert dans lequel certains travaillent et où on peut dialoguer tous ensemble", explique Claire. Pourtant, "la première réaction des autorités a été de le fermer alors que les gens étaient arrivés pacifiquement', regrette la jeune femme, au lendemain d'une journée émaillée de heurts. 

Bombes lacrymogènes place de l'Odéon

Lundi en fin d'après-midi, un millier de manifestants, réunis d'abord devant le ministère de Travail, a en effet décidé de rallier la place de l'Odéon pour participer à une AG. "Toute la journée, on a fait pression pour obtenir le droit d'ouvrir le théâtre afin d'organiser l'assemblée à l'intérieur", raconte à francetv info Angéline Barth, secrétaire adjointe de la CGT spectacle, qui s'est joint au mouvement. Mais la demande est restée lettre morte, obligeant les organisateurs à tenir l'AG à l'extérieur, où étaient réunies environ 700 personnes.

"On a commencé à faire l'AG. C'était plutôt convivial et sympathique. Mais les CRS semblent avoir eu peur de se faire déborder et ont très vite gazé à l'aide de bombes lacrymogènes les manifestants qui continuaient d'arriver devant le théâtre", raconte Angéline Barth.

Alors que des manifestants tentent d'entrer dans le théâtre, les CRS chargent une nouvelle fois, de manière "beaucoup plus violente". "C'était une manifestation pacifique, donc on n'a pas du tout compris" pourquoi cela dégénérait, s'étonne encore la jeune femme. Sur Twitter, plusieurs vidéos et photos montrent les débordements. 

Des intermittents à Nuit debout, "on lutte contre la même chose"

Ces violences semblent avoir accentué la mobilisation. Dans un communiqué diffusé mardi, la Coordination intermittents et précaires demande "le retrait des forces de l'ordre de la place de l'Odéon". "Depuis le début de cette occupation, la présence policière est permanente : nous refusons de vivre dans cet Etat policier", s'indigne encore la CIP. 

"Il y a une solidarité de plus en plus forte entre les mouvements", assure Claire. 

En réalité, on lutte contre la même chose, que ce soit contre la loi Travail ou sur le sujet de l'assurance chômage. On veut reprendre possession de comment on choisit de vivre et de travailler. Cette répression et le fait qu'on nous empêche de nous parler, ça nous donne encore plus envie de nous retrouver.

Claire, comédienne

à francetv info

Les intermittents sont bien décidés à poursuivre le combat. Accord ou non, la CGT spectacle a ainsi prévu d'accentuer la pression. "On est encore assez loin du compte en terme de propositions des employeurs. On n'a pas d'autre choix que de résister", explique Angéline Barth. Le syndicat fait planer une menace sur les festivals d'été. Mais avant cela, il a déposé un préavis de grève illimitée, à partir du 28 avril.Le jour même de la mobilisation nationale contre le projet de loi Travail. 

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