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Mobilisation de soutien au lycéen frappé par un policier : "On se sent impuissant face à cette violence gratuite"

Des commissariats des 10e et 19e arrondissement de Paris ont été vendredi la cible de projectiles et de dégradations.

Article rédigé par Elise Lambert
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Des lycéens manifestent contre les violences policières, vendredi 25 mars à Paris. (MAXPPP)

"On va leur dire qu'on se laissera pas faire et qu'on en a marre des violences policières !", crie Belhasem dans son mégaphone bardé d'autocollants NPA. "On ne veut pas foutre le bordel, on veut juste montrer que ce qu'ils ont fait est inacceptable !" Devant les grilles du lycée Bergson, dans le 19e arrondissement de Paris, une foule de lycéens est réunie, vendredi 25 mars, pour protester contre le traitement subi par un camarade la veille, violemment frappé par un policier pendant un blocus contre la loi El Khomri.

Depuis 8 heures du matin, sous une brume glacée, ils sont plantés devant les grilles du lycée pour exprimer leur colère. "Ce qui s'est passé hier est hallucinant. Les policiers s'en sont pris à plusieurs jeunes, les ont mis par terre et les ont tabassés", raconte Camille, élève de seconde. "On s'est fait insulter, traiter de tous les noms. On se sent impuissant face à cette violence gratuite et honteuse, déclare la lycéenne, abritée sous son parapluie."On veut que les politiques reconnaissent les faits et s'excusent." 

Coups de matraque, boucliers et gaz lacrymogène

Les lycéens n'ont qu'un mot : "Assez" Assez des coups de matraque, de pelotons de CRS, de boucliers et de gaz lacrymogène. "Ce n'est pas la première fois que la police s'en prend à nous. On est jeunes, de couleur, des cibles faciles", lance William, aussi interpellé jeudi par des agents. "Ils m'ont traîné et frappé sur la tête, affirme-t-il en retirant sa casquette. Le pire, c'est que je ne manifestais même pas…" A en croire les élèves  cet l'établissement classé 2072e sur 2115 au classement 2015 des lycées français, le choix des policiers de venir à Bergson n'est pas anodin.

"Ils n'ont arrêté que des Noirs et des Arabes", témoigne Razvan, qui a filmé l'agression de son camarade. "Quand mon pote a été arrêté, j'étais avec lui. On était en train de fuir, mais moi je n'ai rien eu. Je suis blanc, ça doit moins leur faire peur…" A quelques mètres, Anderson, un lycéen d'1m90, renchérit : "On voyait bien que les policiers choisissaient les manifestants. Je suis grand et on ne m'a jamais touché. Celui qui s'est fait frapper était petit, facile à attraper." 

"Il y a des individus qui sont venus exprès pour tout casser"

Vers 10h30, des dizaines de jeunes affluent des lycées voisins, en soutien à leurs amis. Ils sont plus d'une centaine. "Je viens du lycée Dorian dans le 11e", raconte Samir, doudoune noire et bagues en argent au doigt. "Un ami m'a appelé pour qu'on vienne. Plus on est nombreux, plus la police verra qu'on est forts et qu'on ne se laisse pas faire."

Quelques lycéens se succèdent au mégaphone alors que la foule grossit. Certains appellent à manifester dans Paris, d'autres signalent l'arrivée "d'agitateurs" et suggèrent de s'abriter. "Il y a des individus qui sont venus exprès pour semer le trouble et tout casser", crie la mère d'un élève. "Ne vous laissez pas manipuler et rentrez dans le lycée !" A l'écart de la foule, des membres du syndicat lycéen FIDL acquiescent : "On connaît très bien ces types, de vrais manipulateurs de foule. Ils s'intègrent toujours tranquillement, puis dès que ça monte, ils prennent leur mégaphone, lancent des fumigènes et cassent tout."

Projectiles et dégradations de deux commissariats

Très vite, la confusion s'installe alors que des voitures tentent, tant bien que mal, de se frayer un chemin sous les huées des lycéens. Personne ne sait quoi faire, des messages divergents circulent. "On va essayer de faire une marche commune contre plusieurs choses : les violences, la loi Travail", suggère une lycéenne. "Non, on va au commissariat où notre pote est en garde à vue", propose un autre. 

En file indienne, les lycéens descendent la rue Edouard Pailleron, direction le métro Louis Blanc. Des fumigènes sont lancés, d'épaisses fumées roses s'échappent du cortège, tandis que de la musique est lancée.

"Mort aux flics"

Arrivés devant le commissariat du 19e arrondissement, tout se passe très vite. Un petit groupe d'individus se met à jeter des pierres contre le bâtiment et tente de briser des vitres blindées en se servant de planches en bois. Retranchés à l'intérieur, des policiers observent la scène sans réagir. Au bout d'une dizaine de minutes, les casseurs quittent les lieux et des policiers en tenue anti-émeute se déploient devant le bâtiment.

Sur la façade, dont plusieurs vitres sont fissurées, l'inscription "Mort aux flics" est taguée. Le sol est jonché de débris, barrières métalliques et planches en bois. Quelques minutes auparavant, dans le 10e arrondissement, des jeunes ont renversé des poubelles, des barrières et jeté des projectiles sur le commissariat.

"On ne sait pas qui a fait ça, c'étaient des individus cagoulés, habillés en noir", témoigne une élève en remontant vers Bergson. "Dès que les jets ont commencé, on s'est dispersés."

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