: Vidéo "La crise du Covid est passée par là" : de nombreux étudiants en alternance sont toujours sans contrat, à quelques jours de la rentrée
Malgré les aides du gouvernement, les entreprises restent frileuses à l'idée de recruter des étudiants en alternance. Pour se faire connaître et alerter sur cette situation, certains n'hésitent pas à relever un défi sportif.
"J'en avais marre, je ne comprenais pas ce qui clochait dans mon CV." Pour trouver un contrat en alternance, Agathe Le Sommer, étudiante en droit du sport à l'université de Lille (Nord), a d'abord multiplié les candidatures, "jusqu'à quatre par jour", en vain. "Le Covid est passé par là", souffle-t-elle. Comme de nombreux étudiants cette année, Agathe se heurte à un monde du travail essoufflé par la crise du coronavirus, où les embauches deviennent très rares. Après trois mois de recherches et une relecture de son CV par un professionnel, elle décide alors de se rendre plus visible auprès des recruteurs en relevant un défi insolite : courir 20 kilomètres dans Paris afin d'écrire le mot "alternance" à l'aide d'un traceur GPS.
"J'ai mis du temps à me lancer, je me demandais si ce n'était pas débile de faire ça", confie l'étudiante de 22 ans, qui a chaussé ses baskets le 11 août et a tracé les 10 lettres du mot en 1 heure et 47 minutes. Sur les réseaux sociaux, plus de 45 000 personnes ont réagi à son défi, et Agathe a finalement été contactée par plusieurs recruteurs pour un entretien. Si la jeune femme paraît en bonne voie pour signer un contrat avant la rentrée, les recherches restent très difficiles pour les aspirants alternants de 2020.
Une conséquence directe de la crise sanitaire
"Avec la crise du coronavirus, il y a moins d'employeurs qui cherchent des apprentis, explique Aurélien Cadiou, président de l'Association nationale des apprentis de France (Anaf), les services de ressources humaines sont beaucoup plus préoccupés par leurs salariés actuels et la mise en place de mesures sanitaires que par le recrutement." Contacté par franceinfo, le ministère du Travail se dit conscient du problème mais ne connaît pas encore le nombre précis d'étudiants sans contrat. Même incertitude du côté de l'Anaf, qui estime toutefois que ce nombre est en hausse par rapport à 2019.
"Rien que sur notre service de messagerie instantanée, le nombre d'étudiants qui ont sollicité notre aide a été multiplié par cinq entre les mois de mai et de juin", détaille Aurélien Cadiou. Face aux difficultés, "beaucoup ont déjà tiré un trait sur cette orientation", regrette-t-il.
Des subventions généreuses mais encore floues
Le gouvernement de Jean Castex a annoncé fin juillet des aides conséquentes à destination des étudiants en apprentissage, qui étaient plus de 491 000 en 2019. Ce volet du grand "plan jeunes" comprend une incitation financière allant de 5 000 à 8 000 euros en cas de recrutement d'un apprenti. Une aide certes "conséquente" pour Aurélien Cadiou, mais dont les conditions d'attribution "doivent être précisées rapidement".
"Un mois après cette annonce, les centres de formation nous ont dit qu'ils n'avaient pas vu de différence, déplore le président de l'Anaf, car nous ne connaissions toujours pas les modalités de versement et les entreprises ciblées par cette mesure." Une incertitude peu propice aux recrutements donc, surtout que les incitations financières "ne font pas tout", d'après Aurélien Cadiou.
"Les entreprises qui emploient déjà des alternants vont en recruter davantage grâce aux aides, mais ce n'est pas le cas pour celles qui n'en ont jamais employé", explique-t-il. Pour remédier à cela, l'Anaf recommande une "grande campagne de communication, comme c'est déjà le cas auprès des jeunes et des familles", afin de convaincre les entreprises de l'intérêt de l'apprentissage.
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